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Rzazade, Aliyev mènent la charge de l'Azerbaïdjan aux championnats d'Europe

By Vinay Siwach

ZAGREB, Croatie (18 avril) -- Depuis le début du siècle, l'Azerbaïdjan s'efforce de trouver un poids plume de niveau international.

A l'exception du champion olympique Namik ABDULLAEV (AZE), aucun lutteur n'a pu asseoir son autorité dans la catégorie de poids 55kg-57kg. Giorgi EDISHERASHVILI (AZE) a certes remporté les championnats d'Europe deux fois en 2017 et 2018, mais il avait bien dépassé son apogée à ce moment-là et n'a jamais semblé menaçant au niveau mondial. Haji ALIYEV (AZE) a remporté une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 mais il a passé la plus grande partie de sa carrière en 61kg ou plus.

Aliabbas RZAZADE (AZE) pourrait changer cela maintenant. Ayant remporté le titre mondial U23 en 2021, l'athlète de 25 ans a atteint la finale des championnats d'Europe l'année dernière et a franchi une étape supplémentaire en devenant champion mardi, battant le double champion d'Europe Suleyman ATLI (TUR).

Rzazade a mené la charge de l'Azerbaïdjan le deuxième jour des championnats d'Europe à Zagreb alors que la nation s'est installée confortablement en tête du classement par équipe. Aliyev a ajouté un quatrième titre européen et son premier depuis 2019 ce qui a permis à son pays de remporter deux médailles d'or dans la soirée.

Pour les résultats des demi-finales du deuxième jour, cliquer ici: Akgul contre Petriashvili, Tour 11

Vasyl MYKHAILOV (UKR) a mis fin à l'attente de 10 ans du pays pour un champion d'Europe en battant Georgios KOUGIOUMTISDIS (GRE) pour remporter la médaille d'or en 79kg tandis que Givi MATCHARASHVILI (GEO) a marqué un takedown tardif pour empêcher Magomedkhan MAGOMED (AZE) de répéter son exploit en 97kg.

Vazgen TEVANYAN (ARM) a ajouté un titre d'Europe senior à ses titres U17, U20 et U23 en battant Mikyay NAIM (BUL) en finale des 65kg.

Aliabbas RZAZADE (AZE)Aliabbas RZAZADE (AZE) projette Suleyman ATLI (TUR) dans le dernier mouvement du combat. (Photo: UWW / Kadir Caliskan)

Mais c'est Rzazade qui est entré dans l'histoire en remportant la 25ème médaille d'or pour l'Azerbaïdjan aux championnats d'Europe.

Atli cherchait son troisième titre après trois défaites en finale ces cinq dernières années mais il ne se doutait pas que Rzazade allait lancer un arm throw cinq secondes après le début de la finale.

Et comme Atli se calmait après ce lancé, Rzazade est tombé à genoux ce à quoi Atli a réagi en se jetant en arrière. Rzazade a fait croire qu'il allait attaquer par les jambes mais a lancé un autre arm throw, ce qui lui a valu deux points.

Un 6-0 était toujours difficile à remonter. Atli a bien essayé et  réduit le score à 6-2 à la pause mais Rzazade s'est montré encore plus agressif en seconde période. Atli a essayé de le faire basculer mais Rzazade était solide et a projeté Atli sur le dos pour quatre points et a remporté la victoire 12-2. Rzazade était prêt pour les célébrations.

La Turquie a contesté l'appel affirmant que ce lancé ne valait que deux points et a gagné. Les lutteurs ont dû recommencer avec le score à 10-2. Mais ce n'était que retarder l'inévitable.

Rzazade et Atli ont fait l'un l'autre un blocage de corps mais c'est le premier qui a réussi à obtenir la projection. Cette fois, personne n'a empêché le lutteur d'Azerbaïdjan de célébrer son premier titre européen.

"Je suis venu ici pour devenir champion," a déclaré Rzazade. "J'étais très ambitieux en venant ici. C'est un sentiment formidable et je suis fier d'avoir pu hisser le drapeau d'Azerbaïdjan. C'est l'un des plus beaux jours de ma vie."

Depuis 17 ans qu'il pratique la lutte, commençant dans la ville d'Astara, dans le sud de l'Azerbaïdjan, à quelques pas de la frontière de l'Iran, qui a également une ville d'Astara à la frontière de l'Azerbaïdjan, le premier titre senior pourrait être perçu comme tel.

La finale de mardi contrastait avec celle de l'année dernière quand Vladimir EGOROV (MKD) l'a battu 8-6. Rzazade était mené 8-0 mais s'est repris pour marquer six points et alors qu'il était sur le point d'obtenir un tour pour la victoire, le temps s'est écoulé. Il n'a rien laissé au hasard cette année et à remporté la médaille d'or.

"L'année dernière en finale, j'ai perdu un combat très serré," a-t-il déclaré. "Aujourd'hui, j'ai pu remporter l'or et c'est un sentiment très différent du précédent. Je suis heureux d'avoir pu remporter l'or.”

Cette défaite a permis à Rzazade de mettre les choses en perspective et de grandir en tant que lutteur allant de l'avant.

"Maintenant, je suis un lutteur ambitieux," a-t-il déclaré. "C'est mon année et c'est mon jour. Je pense que je ne suis pas si faible et tout le monde me voit comme un adversaire coriace. Ce ne sera pas facile car des adversaires bons et forts m'attendent.”

Ses adversaires devront également travailler dur pour battre le nouveau champion d'Europe. Un underhook mortel et un puissant gut wrench font de lui une menace. Ajouté à cela une solide défense, aussi bien en position par terre qu'en position debout.

“J'attends les prochains championnats -- les championnats du monde en Serbie,” a-t-il déclaré. “Comme nous pouvons obtenir la licence pour les Jeux olympiques, j'aimerais en obtenir une en Serbie. Je veux être un champion olympique.”

Haji ALIYEV (AZE)Haji ALIYEV (AZE) est devenu le premier lutteur d'Azerbaïdjan à remporter quatre médailles d'or d'Europe. (Photo: UWW / Kostadin Andonov)

Aliyev a fait un doublé pour l'Azerbaïdjan en remportant la médaille d'or des 70 kg après avoir battu Ramazan RAMAZANOV (BUL) dans le combat pour la médaille d'or. Ce dernier ayant 32 ans le 21 avril, Aliyev lui a offert un cadeau d'anniversaire avant l'heure.

Le médaillé d'argent olympique de Tokyo est devenu le premier homme d'Azerbaïdjan à remporter quatre titres d'Europe en passant devant Abdullaev qui a eu trois titres. La star de lutte gréco-romaine, Rafiq HUSEYNOV (AZE), a également trois titres et aura la chance d'un quatrième dans les jours à venir. Mariya STADNIK (AZE) mène toujours avec sept titres.

“C'est une victoire très importante pour moi,” a déclaré Aliyev. “Dans l'histoire de l'Azerbaïdjan, je suis le premier  [homme] à remporter quatre médailles d'or d'Europe. C'est très bon pour moi.”

Lundi, Aliyev avait déclaré qu'il luttait en 70kg, catégorie qui a des lutteurs plus forts que lui. Mais  il les déjoue pour gagner.

Contre Ramazanov, il a eu recours à diverses astuces pour remporter la médaille d'or. Au lui de s'épuiser, Aliyev a décidé d'accumuler des stepouts au lieu de se livrer à des bousculades.

Il a obtenu trois stepouts et un takedown pour mener 5-1 à la pause. Il a continué à mettre la pression sur Ramazanov et a marqué un autre stepout. Ramazanov a marqué un stepout et a obtenu un point d'avertissement en plus pour réduire l'avance à 8-3. Aliyev a ajouté un takedown tardif pour gagner 10-3.

“Nous nous sommes beaucoup préparés,” a-t-il déclaré. “Nous avons eu beaucoup de camps d'entraînement cette année. Nous sommes sur le bon chemin. C'est pourquoi nous gagnons.”

Pour ses plans à venir, Aliyev a déclaré qu'il est toujours à la recherche de l'insaisissable or olympique, une médaille que l'athlète de 31 ans a manqué de peu à Tokyo.

“J'ai déjà une médaille olympique de bronze et d'argent, mais j'ai besoin de l'or,” a-t-il déclaré. “Je vais vraiment essayé. je ferai de mon mieux pour obtenir cette médaille d'or. Je pense que cela n'a pas d'importance que j'ai 32 ou 34 ans, ce qui compte, c'est de travailler dur et de devenir un champion.

Mais Aliyev sait aussi que gagner une médaille en 65kg sera une tâche herculéenne car c'est la catégorie la plus vaste du monde.

“Cette catégorie de poids est la plus difficile,” a-t-il déclaré. “Il y a beaucoup de bons adversaires et il y a généralement 4 à 5 champions du monde. Je pense connaître leurs styles de lutte. C'est ma dernière chance et je dois remporter l'or olympique et ensuite prendre ma retraite.”

Givi MATCHARASHVILI (GEO)Givi MATCHARASHVILI (GEO) marquant un takedown sur Magomedkhan MAGOMEDOV (AZE) en finale. (Photo: UWW / Kostadin Andonov)

L'Azerbaïdjan aurait pu remporter trois médailles d'or mais le médaillé de bronze mondial Matcharashvili a réussi un takedown tardif pour battre Magomedov, également médaillé de bronze mondial, 4-3 en finale des 97kg.

Magomedov, champion en titre, a commencé avec un stepout et a toujours cherché à attaquer alors même que Matcharashvili continuait à gagner du temps en première période. Il a obtenu un takedown sur le bord pour mener 3-0 à la pause.

Après cinq minutes sans action de la part de Matcharashvili, Il s'est mis en marche dans la dernière minute, marquant un takedown via un single-leg. Dans les 20 dernières secondes, Magomedov a réussi à passer derrière mais a glissé, donnant à Matcharashvili l'occasion de marquer un autre takedown, gagnant 4-3.

C'était la première médaille d'or d'Europe pour l'ancien champion du monde U23 qui a également une médaille d'argent des Jeux Européens.

Vazgen TEVANYAN (ARM)Vazgen TEVANYAN (ARM) célèbre sa victoire après avoir remporté la médaille d'or des 65kg à Zagreb. (Photo: UWW / Kadir Caliskan)

Tevanyan, Mykhailov remportent des premiers titres

Tevanyan a attendu quatre ans pour revenir aux championnats d'Europe et a rendu son retour mémorable en remportant la médaille d'or en 65kg.

En 2019, Tevanyan a terminé 11ème mais a remporté le titre mondial U23, a lutté aux Jeux Olympiques et aux championnats du monde et a des victoires sur Aliyev et Izsmail MUSZUKAJEV (HUN) depuis.

Bien qu'il ait obtenu le premier point de la finale, Naim, qui espérait devenir le premier champion d'Europe de lutte libre de son pays en 18 ans, n'a pas réussi à s'imposer face à un Tevanyan très fort.

Dans le combat pour la médaille d'or, c'est en seconde période que Tevanyan a marqué le premier takedown en utilisant un arm drag mais n'a réussi à obtenir aucun tour. 

Naim a continué à revenir sur Tevanyan qui a contré l'une de ces tentatives et a obtenu un roll pour porter le score à 6-1. Il a ajouté un autre takedown pour augmenter l'avance avant qu'un takedown par glissement et un gut ne lui permettent de remporter l'or 12-1.

“Je suis très heureux car c'est une médaille que j'attendais depuis très longtemps", a-t-il déclaré. "Depuis 2018 [2019], je n'ai pas pu participer aux championnats d'Europe, c'est pourquoi je suis très heureux, j'ai beaucoup d'émotions et je suis d'une humeur incroyable.”

Bien qu'il ait remporté des titres européens en U17, U20 et U23, il lui manquait le titre senior que Tevanyan considère comme le plus important.

“La catégorie senior est très différente des autres catégories d'âge, car pour moi, c'est le vrai sport. Mon objectif est d'aller aux Jeux olympiques et de devenir champion du monde. Il y aura des camps d'entraînement et nous nous remettrons en forme. Je ferai tout pour atteindre la meilleure forme physique possible.”

La première occasion de gagner un billet pour Paris sera les Championnats du monde à Belgrade en septembre et Tevanyan sera l'un des favoris pour remporter une médaille, peut-être une médaille d'or. Et s'il atteint la finale, quel adversaire aimerait-il combattre ?

“Aucune différence [pour moi],” a-t-il déclaré. “Si je suis en finale, ça n'a pas d'importance.”

Vasyl MYKHAILOV (UKR)Vasyl MYKHAILOV (UKR) a remporté la médaille d'or en 79kg. (Photo: UWW / Kadir Caliskan)

Mykhailov a mis fin à une décennie d'attente pour l'Ukraine d'avoir un champion d'Europe de lutte libre en étendant son record d'invincibilité contre Georgis KOUGIOUMTSIDIS (GRE) qui était le champion en titre.

Pavlo OLIYNYK (UKR), qui a ensuite représenté la Hongrie, a été le dernier champion d'Europe en remportant l'or en 96 kg en 2013 à Tbilissi.

Kougioumtsidis, qui est devenu le premier champion de Grèce l'année dernière, espérait réitérer son exploit, mais Mykhailov l'a complètement écarté.

L'Ukrainien a battu Kougioumtsidis deux fois l'année dernière et était le favori. Il a obtenu un stepout et un takedown contre le stepout du Grec. Malgré l'effort de Kougioumtsidis, Mykhailov gardait le contrôle.

Il a expliqué plus tard pourquoi cette victoire avait un score bas alors que ses deux précédentes étaient par supériorité technique avant d'ajouter que c'est juste le début.

“La finale est toujours très importante alors je n'ai pas pris beaucoup de risques", a déclaré Mykhailov. "C'est très émouvant. Cela fait longtemps que je vise l'or. Mais ce n'est pas le moment d'arrêter. C'est l'année préolympique, nous devons nous qualifier".

L'or était précieux pour l'Ukrainien, qui a été touché par la guerre dans son pays.

"Comment dire que nous nous entraînons sans électricité ? "Il fut un temps où nous nous entraînions sans électricité ni lumière pendant six mois. Je n'ai pas pu m'entraîner pendant près de six mois. Ce n'était pas possible du tout. Ce sont des moments très difficiles. Il n'est pas possible de les expliquer.

Sur ses projets avant les championnats du monde, Mykhailov n'a pas révélé grand-chose, mais il a dit comment il se désaltère après un combat épuisant et une interview du vainqueur.

"Je participerai à des tournois, nous prendrons des décisions avec les entraîneurs", a-t-il déclaré. "Pour l'instant, je veux juste boire du coca.

sf

RESULTATS

57kg
OR: Aliabbas RZAZADE (AZE) bat Suleyman ATLI (TUR), 12-2

BRONZE: Georgi VANGELOV (BUL) bat Roberti DINGASHVILI (GEO), 10-0
BRONZE: Horst LEHR (GER) bat Simone PIRODDU (ITA), 2-2

65kg
OR: Vazgen TEVANYAN (ARM) bat Mikyay NAIM (BUL), 12-1

BRONZE: Edemi BOLKVADZE (GEO) bat Stefan COMAN (ROU), 2-2
BRONZE: Erik ARUSHANIAN (UKR) bat Ali RAHIMZADA (AZE), 7-6

70kg
OR: Haji ALIYEV (AZE) bat Ramazan RAMAZANOV (BUL), 10-3

BRONZE: Ihor NYKYFORUK (UKR) bat Patryk OLENCZYN (POL), via fall
BRONZE: Vasile DIACON (MDA) bat Kevin HENKEL (GER), 7-2

79kg
OR: Vasyl MYKHAILOV (UKR) bat Georgios KOUGIOUMTSIDIS (GRE), 3-1

BRONZE: Ahmad MAGOMEDOV (MKD) bat Arman AVAGYAN (ARM), 7-4
BRONZE: Hetik CABOLOV (SRB) bat Sabuhi AMIRASLANOV (AZE), via injury default

97kg
OR: Givi MATCHARASHVILI (GEO) bat Magomedkhan MAGOMEDOV (AZE), 4-3

BRONZE: Vladislav BAITCAEV (HUN) bat Benjamin HONIS (ITA), 10-6
BRONZE: Ibrahim CIFTCI (TUR) bat Murazi MCHEDLIDZE (UKR), 12-3

Formée au Japon et aux États-Unis, Yoneoka espère entraîner la Norvège vers le succès mondial

By Ken Marantz

TOKYO, Japon (20 juillet) -- Yurie YONEOKA a pris sa part de coups tout au long de sa carrière de lutte, mais elle semble toujours retomber sur ses pieds. Cette fois, elle s'est retrouvée sur un deuxième continent différent.

Yurie Yoneoka, une Japonaise qui a participé à des compétitions universitaires aux États-Unis avant d'y devenir entraîneur, a été engagée comme entraîneur principal de l'équipe nationale féminine de Norvège, qui espère que le succès de son pays d'origine pourra déteindre sur elle après des décennies de maigres résultats.

La Norvège, qui figurait parmi les meilleures nations de lutte féminine au début des années 1990, n'a pas produit de championne du monde depuis que Gudren HOELE a remporté la dernière de ses cinq médailles d'or mondiales en 1998 dans la catégorie des 56 kg, et sa dernière médaille mondiale, quelle qu'elle soit, est une bronze obtenue en 2005 par Lene AANES dans la catégorie des 59 kg.

Yurie Yoneoka, 29 ans, a été engagée pour un contrat initial de deux ans, mais avec pour objectif de produire des résultats aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. C'est une tâche difficile en soi, car la Norvège n'a eu qu'une seule femme qualifiée en lutte pour les Jeux olympiques dans son histoire, lorsque Signe Marie STORE s'est qualifiée dans la catégorie des 69 kg aux Jeux de Rio en 2016, mais a terminé 18ème.

YoneokaYurie YONEOKA s'entretient avec la presse lors d'un récent voyage de retour au Japon. (Photo: Japan Wrestling Federation)

“Nous avons un objectif de six ans qui est Los Angeles [2028]", a déclaré Yurie Yoneoka lors d'une interview à Tokyo au début du mois, alors qu'elle était revenue pour assister à un mariage. "Mais nous devons faire des pas de bébé. La première chose à faire est donc de remporter une médaille aux Championnats d'Europe chez les seniors et chez les juniors [U20].

“Nous espérons obtenir une médaille aux championnats du monde. C'est la façon la plus proche d'aller aux Jeux olympiques", a-t-elle déclaré, en faisant référence aux places de qualification directe pour les Jeux olympiques disponibles lors des Championnats du monde.

Yurie Yoneoka, qui souhaite à terme obtenir un poste de direction à United World Wrestling afin de faire progresser le statut des femmes et du Japon, a découvert l'ouverture du poste en Norvège grâce à une annonce sur le site web d'UWW. Elle a immédiatement postulé et, après un long processus d'entretien, a été engagée en juin.

"À l'époque, j'étais entraîneur à l'université aux États-Unis et je cherchais à franchir une étape pour un poste d'entraîneur de plus haut niveau", dit-elle. "Mon objectif [ultime] dans la vie est de travailler pour United World Wrestling. Je me suis donc demandé quelles étaient les bonnes étapes pour atteindre mon objectif, et j'ai pensé qu'un poste d'entraîneur de haut niveau serait une très bonne opportunité.”

YoneokaYurie YONEOKA s'adresse aux membres de l'équipe nationale norvégienne pour la première fois lors d'une brève visite le mois dernier. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

La Norvège a une star senior en la personne de Grace BULLEN, double championne d'Europe, mais elle n'a pas encore répondu aux attentes en termes de médailles mondiales et de qualification olympique. Yurie Yoneoka a déclaré qu'elle se concentrerait davantage sur le développement de la prochaine génération de lutteurs.

“La fédération m'a demandé de me concentrer sur les U20, a-t-elle déclaré. "Mais je vais faire beaucoup de camps pour rassembler les filles et créer des liens entre elles, quel que soit leur âge. Pour les U17 et U15, je continuerai probablement à entraîner et à me rendre à la compétition si je suis disponible, mais pas super-focalisée, plutôt un soutien.”

Yurie Yoneoka cherche à centraliser les opérations de l'équipe nationale à Oslo et a déjà organisé un camp d'entraînement pour septembre. Elle n'a rencontré que brièvement les membres de l'équipe et attend toujours un visa de travail et un logement.

Ayant été exposée à ce sport à la fois au Japon et aux États-Unis, Yurie Yoneoka pense qu'elle apporte une large perspective à la Norvège et peut permettre aux membres de l'équipe de trouver le style qui leur convient le mieux.

"Tout en tirant le meilleur parti du style propre à chaque individu, je crois qu'il est vital d'ajouter à ce qu'ils font bien, plutôt que de changer complètement leur lutte", a déclaré Yurie Yoneoka dans une interview antérieure sur le site de la JWF. "Six ans vont passer avant que vous ne le sachiez. S'il y a le moindre sentiment d'hésitation, le but s'éloignera."

En ce qui concerne les différences, "le style japonais est très axé sur les bases, et elles ont une technique élevée. Très bon conditionnement", déclare Yurie Yoneoka. “Le style américain est très puissant, avec de grands mouvements dynamiques. Ils aiment montrer des choses. Et ils ont un manque de conditionnement. Bien sûr, ils n'ont pas fait beaucoup de style libre, donc c'est probablement un point. Le style européen est très mélangé, et je dirais qu'il est très équilibré entre le style japonais et le style américain.”

YoneokaYurie YONEOKA, au centre à droite, pose avec ses coéquipières de l'Université de Providence après s'être classée sixième aux championnats nationaux collégiaux des États-Unis 2019. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

Venir en Amérique

Bien que Yurie Yoneoka n'ait jamais participé à un championnat du monde ou d'Asie à quelque niveau que ce soit, elle était une lutteuse de lycée meilleure que la moyenne, se classant troisième aux championnats nationaux de lycée à une époque qui allait produire plusieurs futurs champions olympiques.

Mais une désillusion ultérieure concernant son programme universitaire au Japon a déclenché un voyage qui l'a amenée dans l'une des régions les plus rurales et les plus éloignées des sentiers battus d'Amérique.

Comme pour le poste en Norvège, l'intérêt de Yurie Yoneoka pour un saut de l'autre côté du Pacifique a été suscité par une annonce en ligne, celle-ci sur le site de la Japan Wrestling Federation en 2013. Il y avait un appel pour les lutteurs japonais intéressés par la compétition universitaire aux États-Unis.

À l'origine du projet se trouve Tadaaki HATTA, ancien champion NCAA et entraîneur de l'équipe nationale américaine, qui a longtemps servi de lien entre les deux pays.

Dans le passé, quelques Japonais comme Hatta sont allés dans des universités américaines, notamment Yojiro UETAKE, qui est resté invaincu à Oklahoma State dans les années 1960 et est devenu deux fois champion olympique, et Sanshiro ABE, qui a remporté un titre NCAA à Penn State en 1996 et a participé aux Jeux olympiques d'Atlanta cette année-là. Mais Yurie Yoneoka reste toujours la seule femme à avoir franchi le pas. Et le chemin n'a pas été facile. Yurie Yoneoka a d'abord dû passer le test d'anglais comme langue étrangère (TOEFL), un obstacle redoutable étant donné que "[l'anglais] était la matière pour laquelle j'ai toujours eu les plus mauvaises notes à l'école. J'étais toujours la dernière de la classe. J'ai donc littéralement commencé par le niveau 'Ceci est un stylo'."

Quelle persévérance! Yurie Yoneoka a échoué le test 14 fois - 14 fois ! -- sur une période de quatre ans, avant d'obtenir la note de passage. Pendant cette période, elle a travaillé à temps partiel comme réceptionniste dans un magasin de nettoyage à sec et comme membre du personnel chez Costco.

Yoneoka avait été recrutée pour intégrer l'université de Jamestown, dans le Dakota du Nord, et l'école a patiemment attendu qu'elle passe le test TOEFL. "Nous sommes restés en contact et [l'école] m'a toujours soutenue dans ce que je faisais", a-t-elle déclaré.

Malheureusement, après son arrivée à Jamestown, elle n'a pas pu participer aux compétitions dès sa première année pour des raisons qu'elle ne comprend toujours pas. L'année suivante, l'entraîneur Tony DEAND a pris un nouveau poste à l'Université de Providence à Great Falls, Montana, et a emmené Yurie Yoneoka avec lui. Et une fois de plus, elle a été déclarée inéligible à la compétition pour une saison. Lorsque Deand est parti après une seule saison, Yurie Yoneoka est restée à Providence.

Si le fait de partir étudier à l'étranger lui a offert plus de liberté qu'au Japon, Yurie Yoneoka était trop occupée en tant qu'étudiante-athlète pour s'impliquer dans la vie sociale. "Je ne faisais pas beaucoup la fête", dit-elle. "Je devais aussi gagner de l'argent, car je n'ai pas reçu de bourse complète. Je devais travailler sur le campus, au Starbucks, pour seulement deux ou trois services [par semaine]."

Elle décrit sa routine comme suit : "entraînement le matin, aller en cours, travailler et s'entraîner. C'était tout."

Finalement, son année junior a été la seule au cours de laquelle elle a réalisé une saison de compétition complète. Elle a remporté des titres à l'Open de Spokane et à la Battle of the Rockies, puis a terminé sixième au championnat 2019 de la Women's Collegiate Wrestling Association à 116 livres (52,6 kg). Elle était classée troisième de la nation en 109 livres (49,5 kg) lors de sa dernière année, mais les championnats de 2020 ont été annulés à cause de la pandémie.

Après avoir obtenu un diplôme en sociologie, elle a été engagée comme entraîneur adjoint à Providence, devenant ainsi la toute première Japonaise à entraîner au niveau universitaire aux États-Unis.

Elle dit qu'il a été difficile de quitter Providence et l'équipe pour prendre le poste avec l'équipe norvégienne, mais dit que la réponse a été positive. "C'était assez difficile, surtout pour les filles avec qui j'avais construit une très bonne relation", dit-elle. "Elles étaient très tristes, mais elles étaient heureuses pour moi que j'obtienne le poste."

YoneokaYurie YONEOKA, deuxième en partant de la droite, se tient sur le podium après s'être classée troisième à la Junior Queens Cup 2010. À sa droite, la championne Risako KAWAI, désormais double médaillée d'or olympique. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

Un pot-de-vin sucré lance une carrière

L'entrée de Yurie Yoneoka dans le monde de la lutte a été essentiellement le résultat d'un pot-de-vin. Le coupable : son père. L'appât : le chocolat.

Née à Tokyo, la famille de Yurie Yoneoka a déménagé à Kashiwa, dans la préfecture de Chiba, alors qu'elle était encore enfant. Son père, qui était un joueur de handball amateur dévoué, cherchait un sport pour sa fille de quatre ans lorsqu'il a vu une affiche au centre sportif municipal local. Il s'agissait d'une affiche pour un club local de lutte pour enfants.

“Il m'a dit : "Ça y est", se souvient Yurie Yoneoka. "Mais j'étais une fille très, très timide et il m'a dit : 'Tu veux y aller parce que je vais t'acheter du chocolat'. Et j'adore le chocolat. Le chocolat est donc la seule raison pour laquelle je me suis lancée dans la lutte.”

Elle se souvient encore de son premier jour dans ce sport. "C'était un entraînement très dur. [Mon père] m'a lancée dans l'entraînement, et j'ai dû faire tout l'entraînement le premier jour. J'ai presque pleuré."

Mais avec un mélange de détermination et d'entêtement qui lui permettra de traverser des moments difficiles plus tard dans sa vie, Yurie Yoneoka s'est accrochée et a montré son potentiel. Elle a développé une passion pour ce sport et a continué jusqu'à ce qu'elle soit obligée d'arrêter brièvement à cause de l'un des principaux problèmes sociaux du Japon, l'intimidation, dont elle a été victime au collège.

"J'ai été très malmenée et je n'ai pas pu aller à l'école pendant un certain temps", dit-elle. "J'ai donc dû arrêter la lutte aussi parce que l'équipe de lutte s'entraînait dans ce collège. Quelques mois plus tard, j'ai simplement changé d'école."

Déterminée à reprendre le sport, elle a passé les examens d'entrée du lycée Saitama Sakae dans la préfecture voisine de Saitama. Il s'agit de l'une des meilleures écoles de lutte de la région du Kanto, qui comprend Tokyo et les préfectures environnantes, mais aussi d'une école à vocation académique.

"Je voulais être la meilleure lutteuse possible, et mon rêve était aussi d'aller aux Jeux olympiques", dit Yurie Yoneoka. "Je me suis demandée où je pourrais aller pour atteindre cet objectif. Il n'y avait que quelques écoles sélectives dans la région de Kanto, car la lutte [féminine] était encore en développement.

"Sakae était une très bonne école qui avait aussi un très bon programme académique. Mes parents voulaient seulement que je fasse de mon mieux pour les études et le sport. [Ils ont dit]  si tu suis le programme d'études avancées, tu pourra continuer à lutter. J'ai étudié et je suis entrée dans l'école."

Outre le programme d'études, aller à Sakae signifiait endurer une autre épreuve : un trajet en train de deux heures depuis son domicile à Kashiwa. "Ces trois années ont probablement été l'une des périodes les plus difficiles de ma vie", dit-elle. "Les entraînements commençaient à 7 heures le matin, je devais donc me réveiller avant 5 heures et sauter dans le train pendant deux heures."

YoneokaYurie YONEOKA pose avec les membres de l'équipe U15 de Norvège. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

En 2010, Yurie Yoneoka s'est classée troisième dans la division U17 de la Junior Queens Cup en 49 kg, une catégorie de poids remportée par la future double championne olympique Risako KAWAI. L'année suivante, elle a remporté une médaille de bronze aux Championnats nationaux des lycées dans cette catégorie de poids, qui a été remportée par Nanami IRIE, une future médaillée d'argent aux championnats du monde.

Pour vous donner une idée de la compétitivité des championnats nationaux des lycées de 2011, les championnes de trois autres catégories de poids sont devenues championnes olympiques : Kawai, Eri TOSAKA et Sara DOSHO. Yurie Yoneoka a rencontré Tosaka lors d'un camp de lutte à l'école secondaire et elles sont restées amies jusqu'à ce jour.

"C'était vraiment difficile", a déclaré Yurie Yoneoka à propos de la compétition. "J'étais en fait très peu sûre de moi en ce qui concerne la lutte. Cela m'a donné la force de persévérer, de m'améliorer chaque jour. Mais je n'étais pas sûre de pouvoir y arriver."

Alors que les Trois Grandes ont fini par rejoindre l'université Shigakkan, Yurie Yoneoka a été poussée par son entraîneur à rester dans la région de Kanto et à rejoindre l'université Toyo. Elle ne s'est jamais vraiment intégrée au programme et, après trois années médiocres, elle a abandonné en dernière année lorsque l'opportunité d'aller aux États-Unis s'est présentée.

"La communauté de la lutte est assez soudée, et mon entraîneur au lycée m'a poussée à aller à l'université de Toyo", dit-elle. "J'ai aimé cette université en tant que telle, mais la situation de l'équipe n'était pas ce que j'avais imaginé ou ce que je souhaitais. Ce n'était pas la meilleure situation pour moi en tant qu'athlète.

"Je ne regrettais pas d'avoir quitté l'équipe, mais j'avais le sentiment que je ne devais pas quitter la lutte elle-même. Je me sentais dévasté à propos de la lutte. Je me demandais ce que je devais faire de ma vie. Tout ce que j'avais fait dans ma vie, c'était de la lutte. Au très, très bon moment, j'ai vu la publicité de Tadaaki Hatta."

Après avoir vu leur fille passer les six dernières années environ aux États-Unis, que pensent ses parents du fait que son parcours professionnel l'amène maintenant en Norvège?

"Mes parents ont tout d'abord été surpris", dit-elle. "Mais ils savent que même s'ils disent quelque chose, je ferai toujours ce que je veux. Pour mes parents, c'était comme : "d'accord, vas-y.'

"Mes amis m'ont dit : "La Norvège ? Je croyais que tu vivrais aux États-Unis pour toujours.'"

Yurie Yoneoka attend avec impatience la première fois où une de ses lutteuses norvégiennes affrontera une adversaire japonaise sur le tapis.

"J'ai l'impression que je serai fière de la Norvégienne de concourir contre une Japonaise, car évidemment, les lutteuses japonaises sont les meilleures", dit-elle. "Mais je pense que ce sera bon pour moi d'apprendre certaines choses aussi, et j'ai tellement de respect pour la fédération de lutte et les lutteuses japonaises. Ce sera un peu nostalgique, mais ce sera un bon sentiment."

Dans l'ensemble, il s'agit également de faire accepter les femmes dans ce sport.

"Aux États-Unis, il y a encore des problèmes de manque de respect de la lutte féminine par les lutteurs masculins ou même simplement par les hommes", dit-elle. C'est un gros problème et j'ai l'impression que les filles doivent encore se défendre, ce qui est assez triste.

"En Norvège, il y a un grand système d'égalité, comme les hommes et les femmes doivent être égaux. Je pense que c'est une bonne chose, mais dans le milieu de la lutte, c'est un combat difficile. Bien sûr, je me défendrai pour moi et pour mes filles, ainsi que pour mon avenir en tant que femme. C'est l'un de mes objectifs."