#UWWAwards

Prix UWW : Sadulaev, Burroughs, Otoguro parmi les 10 athètes de lutte libre récompensés de $10,000

By Vinay Siwach

CORSIER-SUR-VEVEY, Suisse (le 28 novembre) -- Après une absence forcée de deux ans, les Prix UWW de fin d'année font leur retour.

Pour la première fois, les trois premiers lutteurs et lutteuses classés de chacun des trois styles et 30 catégories de poids seront tous récompensés. Chacun des 10 athlètes occupant la première place de sa catégorie de poids recevra la somme de $10,000, les classés deuxièmes $7,000 et les troisièmes $3,000. Les prix des séries de classement revenaient auparavant aux trois athlètes, toutes catégories de poids confondues, ayant obtenu le plus de points par style.

Dans une hausse considérable des prix attribués en 2019, environ $ 200,000, le Bureau UWW a donné, en début de saison, son approbation à des lots de prix d'une valeur totale de $ 600,000.

Les lots 2021 intègrent les sommes prévues pour 2020 mais non distribuées suite à l'impact de la pandémie de covid-19 sur les compétitions.

La saison 2021 aura été unique en son genre avec les JO et le championnat du monde tenus la même année et distincts des autres événements de série de classement qui ont permis aux athlètes d'accumuler des points. La distribution des points y était identique à l'exception des Jeux Olympiques oû les médaillés obtenaient 20% de points de plus qu'au championnat du monde. Tous les médaillés d'or de Tokyo reçoivent 10 points supplémentaires, ceux d'argent 6 et ceux de bronze trois.

Voici, à l'intention des fans, un tableau de répartition des points.

Thomas GILMANThomas GILMAN (USA), classé premier de la catégorie de poids des 57kg (Photo : UWW / Tony Rotundo)

57kg
Thomas GILMAN (USA) 86 points
Zavur UGUEV (RWF) 68 points
Ravi KUMAR (IND) 64 points

En 57kg, les trois meilleurs lutteurs ont chacun remporté une médaille olympique, mais seul Thomas GILMAN (USA) a participé au championnat du monde d'Oslo, victorieux sur le champion olympique Zavur UGUEV (RWF) et le médaillé d'argent Ravi KUMAR (IND). Gilman emporte $ 10,000.

Il a participé à deux événements de série de classement en 2021 – les Jeux et les mondiaux –, réunissant 26 points (15+3+8) à Tokyo pour sa médaille de bronze et 60 (50+10) pour son titre à Oslo, pour un total de 86 points, soit 18 de plus qu'Uguev et 22 de plus que Dahiya.

Uguev n'est monté que sur les tapis de Tokyo et obtient 68 points pour sa médaille d'or. La médaille d'argent de Dahiya à Tokyo lui alloue 44 points, à additionner aux 20 points de sa médaille d'or du championnat d'Asie d'avril dernier.

Abasgadzhi MAGOMEDOV (RWF)Abasgadzhi MAGOMEDOV (RWF), à gauche, prend le premier prix tandis que Daton FIX (USA) termine deuxième (Photo : Kadir Caliskan)

61kg
Abasgadzhi MAGOMEDOV (RWF) 80 points
Daton FIX (USA) 40 points
Adlan ASKAROV (KAZ) 38 points

Remporter les titres continentaux et mondiaux a assuré à Abasgadzhi MAGOMEDOV (RWF) le sommet du classement des 61kg. Les 80 points récoltés à l'occasion des deux événements lui permettent de devancer tous ses concurrents : Daton FIX (USA), médaillé d'argent à Oslo et deuxième du classement, n'en a que 40.

Magomedov obtient 60 points au championnat du monde, à ajouter aux 20 récoltés lors du championnat d'Europe pour sa médaille d'or.

"Avant le championnat du monde j'étais deuxième et mes coaches m'ont dit qu'il existait une sorte de système de classement pour la fin de l'année,", a-t-il déclaré. "C'est une bonne nouvelle de recevoir une telle somme et je l'apprécie."

Le champion de Russie n'avait pas encore pensé quoi faire de cette récompense mais il espère l'utiliser pour l'achat d'un appartement.

"J'ai économisé pour acheter un logement et je peux ajouter cette somme aussi."

A la troisième place, Adlan ASKAROV (KAZ) a participé à quatre événements : médaille d'or du Matteo Pellicone, d'argent au championnat d'Asie, cinquième de l'Open de Pologne -  mais aucun point à Oslo.

Soit 14 points à Rome, 16 à Almaty et 8 en Pologne pour un total de 38 points, six de plus que le quatrième au classement cette année, Ravinder DAHIYA (IND).

Takuto OtoguroTakuto OTOGURO (JPN) termine premier des 65kg avec 88 points (Photo : UWW / Martin Gabor)

65kg
Takuto OTOGURO (JPN) 88 points
Zagir SHAKHIEV (RWF) 80 points
Bajrang PUNIA (IND) 58 points

Le champion olympique Takuto OTOGURO (JPN) et le champion du monde Zagir SHAKHIEV (RUS) prennent les deux premières places du classement de la catégorie de poids des 65kg tandis que le médaillé de bronze de Tokyo Bajrang PUNIA (IND) termine troisième.

Avant les Jeux Olympiques, Otoguro détenait 20 points grâce à sa médaille d'or du championnat d'Asie, auxquels sa victoire à Tokyo a rajouté 68 points, soit un total de 88 points qui l'ont propulsé au sommet du classement.

"J'avais connaissance du système de classement mais je n'étais pas sûr d'obtenir cette récompense," a-t-il déclaré. "Je suis heureux d'avoir gagné et je vais utiliser cette somme pour me préparer au prochain tournoi."

Punia était en deuxième place mais décida de faire l'impasse sur les mondiaux 2021 et Shakhiev, médaillé d'or à Oslo, a pris sa place. Le lutteur russe a obtenu 60 points à Oslo, à cumuler aux 20 récoltés lors de sa victoire au championnat d'Europe senior.

Punia avait obtenu 14 points pour son titre au Matteo Pellicone de mars dernier, puis 18 de plus pour une médaille d'argent au championnat d'Asie. Il atteint les 58 points grâce aux 26 points supplémentaires de la médaille de bronze des Jeux Olympiques.

Magomedmurad GHADZIEVMagomedmurad GADZHIEV (POL), en bleu, remporte le titre mondial des 70kg et termine premier au classement tandis qu'Ernazar AKMATALIEV (KGZ) doit se contenter de la deuxième place (Photo : UWW / Martin Gabor)

70kg
Magomedmurad GADZHIEV (POL) 60 points
Alec PANTALEO (USA) 46 points
Ernazar AKMATALIEV (KGZ) 40 points

Si Alec PANTALEO (USA) a fait la course en tête du classement des 70kg, son absence du championnat du monde d'Oslo a diminué ses chances de remporter le premier prix de $ 10,000.

Avant Oslo, le lutteur américain avait accumulé 46 points grâce à trois médailles d'or, au Matteo Pellicone (14 points), au championnat panaméricain (14 points) et à l'Open de Pologne. Mais il a échoué à rejoindre l'équipe US d'Oslo après s'être blessé contre Ryan DEAKIN (USA) lors des sélections, ce qui l'a empêché d'obtenir des points supplémentaires.

Ceci offrait au futur vainqueur d'Oslo l'accès à la première place du classement : Magomedmurad GADZHIEV (POL) était sur les rangs et il remporta une médaille d'or historique pour la Pologne, obtenant 60 points, suffisamment pour pousser l'Américain en deuxième position.

A la troisième place, l'étoile montante Ernazar AKMATALIEV (KGZ) touchera $ 3,000 - grâce à une médaille d'argent obtenue à Oslo pour 40 points.

Kyle DAKEKyle DAKE (USA) termine premier des 74kg (Photo: UWW / Tony Rotundo)

74kg
Kyle DAKE (USA) 106 points
Zaurbek SIDAKOV (RWF) 68 points
Frank CHAMIZO (ITA) 66 points

Kyle DAKE (USA) est l'un des trois lutteurs toutes catégories de lutte libre confondues qui a réussi à accumuler plus de 100 points de série. Il a pris la première place des 74kg grâce à un titre mondial, une médaille de bronze aux Jeux Olympiques et la médaille d'or du panaméricain senior.

Le triple champion du monde n'avait obtenu que 28 points aux JO (médaille de bronze), et 18 pour la médaille d'or du championnat  panaméricain. Mais les 60 points de son titre mondial lui ont permis de passer devant le champion olympique Zaurbek SIDAKOV (RWF) et Frank CHAMIZO (ITA).

"Je dois contrôler avec ma femme ce que nous avons besoin d'acheter," a déclaré Dake après sa victoire à Oslo.

Sidakov, qui n'a pas pris part au championnat du monde, a obtenu 50 point pour sa médaille d'or de Tokyo, auxquels s'ajoutent huit points supplémentaires car le nombre de participants était entre 10 et 20 et encore 10 de plus - le Bureau UWW a approuvé que les médaillés olympiques obtiennent 20% de points de plus que les médaillés olympiques en 2021 -, pour un total de 68 points.

Chamizo n'a pas obtenu de médaille olympique et n'a pas participé au championnat du monde mais a tout de même terminé troisième au classement grâce à une participation accrue dans la première moitié de l'année.

Il a terminé cinquième à Tokyo avec 18 points, en plus des 16 du Matteo Pellicone en mars, des 18 pour le bronze du championnat d'Europe et des 14 de l'argent de l'Open de Pologne, pour un total de 66 points.

Si Tajmuraz SALKAZANOV (SVK) s'était emparé de l'or au lieu de l'argent à Oslo, il aurait dépassé au classement Chamizo et Sidakov ; mais le champion d'Europe n'a pu collecter que 62 points, pour se placer en quatrième position.

Jordan BurroughsJordan BURROUGHS (USA), à gauche, s'empare de la médaille d'or des 74kg à Oslo et occupe la première place du clasement. (Photo : UWW / Martin Gabor)

79kg
Jordan BURROUGHS (USA) 60 points
Nika KENTCHADZE (GEO) 41 points
Mohamad NOKHODILARIMI (IRI) 40 points

Si l'absence de Jordan BURROUGHS (USA) du classement de la catégorie de poids des 74kg a surpris le public, c'est parce que, pour la première fois de sa carrière, il luttait à l'international en 79kg, où il a instantanément pris la première place.

En remportant son cinquième titre mondial à Oslo, Burroughs a, une fois encore, rassuré ses supporters qu'il est loin d'avoir terminé sa carrière. Il engrange 60 points grâce à sa médaille d'or et $ 10,000 de prix.

Mohamad NOKHODILARIMI (IRI) avait pris l'argent à l'Oslo mais ses 40 points n'auront juste pas suffit pour surpasser le médaillé de bronze Nika KENTCHADZE (GEO) et ses 41 points.

Le Géorgien a obtenu au championnat d'Europe une médaille de bronze pour 16 points ; les 25 d'Oslo lui ont permis de rejoindre la deuxième place du classement.

Nokhoilarimi, champion du monde junior, se retrouve donc troisième, pour $ 3,000.

David TAYLOR USADavid TAYLOR (USA), en rouge, termine premier à deux points de Hassan YAZDANI (IRI) (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

86kg
David TAYLOR (USA) 126 points
Hassan YAZDANI (IRI) 124 points
Artur NAIFONOV (RWF) 71 points

David TAYLOR (USA) et Hassan YAZDANI (IRI) ont fait monter leur rivalité d'un cran de plus par un combat aux Jeux Olympiques et un sensationnel retour de Yazdani à Oslo. Ils étaient au coude à coude au classement mais Taylor a pris un avantage de deux points sur Yazdani et atteint la première place du classement des 86kg avec 126 points.

Yazdani menait pourtant la danse au milieu de l'année ; sa médaille d'or du championnat d'Asie lui attribuait 20 points tandis que le titre panaméricain de Taylor n'en valait que 18. Mais aux JO, la victoire de Taylor sur Yazdani grâce un amené au sol tardif lui amenait 68 points - 44 pour Yazdani.

Les médailles se sont inversées à Oslo, Yazdani a pris l'or à la maison pour 50 points et Taylor l'argent pour 40.

Artur NAIFONOV (RWF), resté dans l'ombre de Yazdani et Taylor en 86kg, termine troisième avec 71 points dont 26 pour une médaille olympique de bronze. Il détenait 20 points pour un titre européen, et obtint 25 points supplémentaire grâce à une médaille de bronze aux mondiaux d'Oslo.

Kamran GHASEMPOURKamran GHASEMPOUR (IRI), à gauche, a vaincu Magomed KURBANOV (RWF) en finale des 92kg : première place au classement (Photo : UWW / Tony Rotundo)

92kg
Kamran GHASEMPOUR (IRI) 76 points
Magomed KURBANOV (RWF) 58 points
Osman NURMAGOMEDOV (AZE) 39 points

Kamran GHASEMPOUR (IRI) et Magomed KURBANOV (RWF) sont arrivés au championnat du monde déjà munis des médailles d'or du, respectivement, championnat d'Asie et du championnat d'Europe.

Kurbanov, avec 20 points, menait au classement sur les 18 de Ghasempour mais leurs positions se sont inversées à Oslo, en 92kg, où le lutteur iranien s'est emparé de l'or en vainquant Kurbanov en finale. Le champion d'Asie a réuni 58 points à Oslo tandis que Kurbanov n'en obtenait que 38 pour sa médaille d'argent.

La jeune star et champion du monde des U23 Osman NURMAGOMEDOV (AZE) termine troisième du classement avec 39 points grâce à une médaille de bronze pour 23 points, qu'il a pu ajouter aux 16 points de sa médaille de bronze du championnat d'Europe.

Abdulrashid SADULAEVen 97kg, Abdulrashid SADULAEV (RWF), en rouge, détient 128 points face aux 102 de Kyle SNYDER (USA) (Photo : UWW / Tony Rotundo)

97kg
Abdulrashid SADULAEV (RWF) 128 points
Kyle SNYDER (USA) 102 points
Alisher YERGALI (KAZ) 68 points

Abdulrashid SADULAEV (RWF) demeure invaincu aux Jeux Olympiques, s'est emparé des médailles d'or lors des trois derniers championnats du monde et, comme se doit, peut se prévaloir d'avoir accumulé le plus de points de classement cette saison.

Avec 128 points en tout juste deux compétitions, Sadulaev s'est assuré la première place des 97kg sur son ennemi juré Kyle SNYDER (USA), 102 points en trois événements.

Les deux se sont affrontés en finale des JO et du championnat du monde et chaque fois Sadulaev est sorti vainqueur.

Sadulaev a vaincu Snyder 6-3 aux JO et récolte 68 points pour la médaille d'or. Il a ensuite ajouté 60 points par une médaille d'or supplémentaire à Oslo.

Snyder détenait 18 points pour sa médaille d'or des panaméricains, avant qu'il n'obtienne 44 points supplémentaires pour une médaille d'argent aux Jeux Olympiques et n'en ajoute 40 de plus sur une médaille d'argent à Oslo pour un total de 102 points.

Alisher YERGALI (KAZ) a réussi à terminer troisième au classement avec 68 points réunis sur cinq tournois, tout d'abord le Matteo Pellicone pour les 10 points de la médaille de bronze, puis 18 points pour la médaille d'argent du championnat d'Asie et enfin 12 de plus pour la médaille de bronze de l'open de Pologne.

S'il n'a pas obtenu de médaille aux JO ni aux championnat du monde, il y termina respectivement septième et dixième pour 16 et 12 points.

Geno Petriashvili Amir ZAREGeno PETRIASHVILI (GEO), en rouge, et Amir ZARE (IRI) ont tous les deux obtenu 98 points mais la médaille olympique d'argent du premier pesait plus de points que le bronze du second (Photo : UWW / Kadir Caliskan) 

125kg
Geno PETRIASHVILI (GEO) 98 points
Amir ZARE (IRI) 98 points
Gable STEVESON (USA) 78 points

Le médaillé mondial et olympique d'argent Geno PETRIASHVILI (GEO) a obtenu 98 points de série. Le médaillé olympique de bronze et champion du monde Amir ZARE (IRI), 98.

Comme rien ne les séparait d'office, la médaille olympique d'argent de Petriashvili fut considérée plus importante que celle de bronze de Zare.

Le Géorgien, ancien champion du monde, avait commencé l'année par une médaille de bronze au championnat d'Europe - pour 16 points. L'argent de Tokyo lui amena ensuite 44 points, celle d'Oslo 38.

Le cheminement de Zare a débuté à l'Open de Pologne où il s'empara de l'or pour 14 points. Puis Tokyo, médaille de bronze, 26 points. Enfin Oslo, grande victoire, médaille d'or et 58 points.

Steveson, époustouflant vainqueur à Tokyo, termine troisième avec 68 points tous réunis aux Jeux Olympiques - il obtient également le titre de champion continental panaméricain.

Les événements de séries de classement 2022 débuteront par le Matteo Pellicone de Rome du 3 au 6 février, puis suivra le Yasar Dogu d'Istanbul du 24 au 27, et se poursuivront par les championnats continentaux.

Vous retrouverez toutes les compétitions sur uww.org/events

#JapanWrestling

L'ex médaillé olympique Ota continue sa mission d'ouvrir le tapis de lutte aux personnes atteintes du syndrome de Down (trisomie 21)

By Ikuo Higuchi

(Note de l'éditeur : Ce qui suit est une version éditée d'une série en 2 parties qui est apparue sur le site internet de la fédération japonaise de lutte le 18 janvier avec des extraits des histoires précédentes. Elle a été traduite et publiée avec la permission de l'auteur.)

"A travers la lutte, la société peut être changée. La lutte peut donner du courage aux personnes atteintes du syndrome de Down."

Au deuxième étage d'un immeuble quelconque à proximité du Tokyo Dome, au coeur de la ville, les membres du club se sont rassemblés dans une petite salle d'arts martiaux équipée d'un tapis de sol pour reprendre les activités qui, pour certains, remonte à la création du club en 2005.

Inévitablement suspendu durant la pandémie, le club de lutte Waku-waku -- spécifiquement destiné à ceux ayant le syndrome de Down -- a a repris mi-janvier au centre de Tokyo, poursuivant la mission de son fondateur de permettre aux personnes atteintes du syndrome de Down de devenir plus affûtées physiquement et émotionnellement, et de leur donner espoir en la vie.

Le club ("waku-waku" est une expression onomatopéique du sentiment d'excitation) est l'oeuvre de la vie de Takuya OTA, médaillé de bronze des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 en lutte libre 74kg.  "C'est devenu une partie de ma vie," a déclaré Ota âgé de 53 ans, qui, après avoir été longtemps entraîneur à l'université de Waseda, est actuellement entraîneur en chef à l'université Chuo. "Je puise mon énergie pour continuer auprès de ces enfants."

La flamme de l'intérêt d'Ota à aider les personnes atteintes du syndrome de Down s'est allumée après avoir été profondément ému par le livre "Tatta Hitotsu no Takaramono (Le seul et unique trésor)," le récit d'une mère qui a élevé un fils atteint de cette maladie publié en 2004. Le livre de Hiromi Kato a fait l'objet d'une fiction télévisée intitulée "The One and Only (le seul et unique)," qui a remporté le prix de la Télévision Asiatique pour une fiction en 2005.

Quand Ota a débuté le projet, il travaillait déjà à temps plein comme entraîneur des compétiteurs de classe mondiale à Waseda, l'équipe la plus ancienne du Japon. Il avait également lancé le club Waseda Club pour les enfants, animé par sa volonté de faire connaître les merveilles de la lutte au plus grand nombre.

Selon le site internet de la clinique Mayo, le syndrome de Down est une "maladie génétique" due à la division anormale de cellules durant la grossesse. Le matériel génétique supplémentaire qui en résulte engendre " les changements de développement et les caractéristiques physiques du syndrome de Down."

Elle touche 1 nouveau-né sur mille et sa gravité est variable. Le site internet stipule : "Une meilleure compréhension du syndrome de Down et des interventions précoces peuvent grandement accroître la qualité de vie des enfants et des adultes atteints de cette maladie et les aider à mener une vie épanouie."

Après avoir lu le livre de Kato, Ota a commencé à se dire, "Que se passerait-il si je leur faisais essayer la lutte ?" Pour ceux qui sont souvent négligés ou ignorés par la société et souffrent de préjugés non informés, la lutte ne pourrait-elle pas être un moyen de les aider à leur donner plus de valeur à leur vie ?

En juillet 2005, il a créé son premier club de lutte spécifiquement à cet effet, prenant sous son aile un groupe inaugural de six enfants.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de préoccupations initiales. les enfants atteints du syndrome de Down ne sont pas du même niveau physique que leurs camarades en bonne santé, et certains avaient une colonne vertébrale qui ne pouvaient supporter les rigueur de la lutte. Pouvaient-ils faire de la lutte ? Mais il n'y avait pas moyen de savoir avant qu'ils n'essaient et Ota voulait leur donner leur chance.

Et quand ils en ont eu l'occasion, ils ont montré qu'ils pouvaient se déplacer comme les autres. Pas vraiment au début mais à mesure qu'ils se sont habitués, ils ont gagné en force et confiance. Ils ont commencé à comprendre les règles et ont appris les techniques tandis qu'Ota mettait la priorité sur la sécurité et arrêtait toute action potentiellement dangereuse.

Ota
Comme pour n'importe quel entraînement de lutte au Japon, l'entraîneur Takuya Ota s'adresse aux lutteurs avant le début du combat. Le club de lutte Waku-Waku a repris en janvier pour la première fois depuis le début de la pandémie. (Photo: Japanese Wrestling Federation)

Faire participer de grands noms

Aucun observateur n'a peut-être été plus surpris et heureux par la réussite de ce projet que les parents. Ils pouvaient voir leurs enfants qui avaient été pour la plupart écartés des sports, faire de l'exercice, prendre du plaisir et, le plus important, renforcer leur estime de soi.

En 2017, la championne du monde en titre et future médaillée d'or olympique Yui SUSAKI était en première année à Waseda quand elle a offert de son temps au club de lutte Waku-waku.

"J'ai pris connaissance de la lutte Waku-waku par le site internet de la fédération et d'autres sources," a déclaré Susaki. "Je me suis dit qu'après être entrée à l'université, je voulais m'impliquer, alors j'ai participé aux entraînements une fois par mois en tant qu'entraîneur. Tout le monde à Waku-waku a un amour pur pour la lutte et chaque fois cela m'a stimulé aussi," a-t-elle ajouté, une lueur dans les yeux.

Yui SUSAKI (JPN)La future championne olympique Yui SUSAKI et le médaillé d'argent des JO de Pékin Kenichi YUMOTO posent avec deux fiers participants à la Waku-waku Waseda Cup 2017. (Photo: Japan Wrestling Federation)

Kenichi YUMOTO, médaillé d'argent en lutte libre 60kg aux Jeux Olympiques de Beijing 2008 est également monté à bord prêter main forte à Ota -- Ils sont tous les deux natifs de la Préfecture de Wakayama et anciens étudiants de l'université nippone des sciences du sport. Yumoto a fait sentir sa présence lors des entraînements, enseignant patiemment les techniques.

Le club a continué sans relâche jusqu'à ce que la pandémie de coronavirus frappe le monde en 2020, n'épargnant aucun sport. Le contrat d'Ota venait juste de se terminer à Waseda et il partait pour l'université de Chuo aui est située à la banlieu de Hachioji à l'ouest de Tokyo. Le club s'est donc retrouvé sans la salle de lutte de Waseda et, combiné à la pandémie a engendré un arrêt des opérations.

L'assouplissement récent des restrictions liées à la pandémie au Japon a permis au club de redémarré et Ota a eu de la chance de pouvoir utiliser la salle des arts martiaux à proximité du Tokyo Dome dans le quartier de Bunkyo.  Ce fût un moment spécial pour toutes les personnes concernées.

"Les personnes atteintes du syndrome de Down sont fondamentalement opposées aux sports de combat," a-t-il déclaré. "Mais lorsqu'ils continuent à en faire, je constate que leur esprit combatif ressort. j'entends des parents dire 'Il n'est plus timide' ou 'Il est devenu capable de faire des choses tout seul.' J'ai l'impression que les parents sentent aussi qu'en luttant, ils ont un potentiel illimité de développement personnel."

Bien qu'il n'y ait eu que cinq participants le premier jour du redémarrage du club, la salle était remplie d'une énergie positive, depuis les sourires sur leur visage lorsqu'ils pratiquaient des mouvements jusqu'à la façon dont ils levaient fièrement leur main lorsqu'on leur demandait d'être partenaire de jeu.

Parmi ceux qui sont montés sur le tapis se trouvait Aruban Kubota âgé de 24 ans, qui a été des premiers membres du club en 2005 alors qu'il était en première année d'école primaire. Kubota, dont le prénom provient du pays natal de son père, l'Albanie, est actuellement employé dans un centre d'aide sociale.

"Au début, il s'asseyait toujours sur le côté à l'entraînement", se souvient sa mère, Rimiko. "Mais avant que nous le sachions, il a commencé à se joindre au groupe et à décider des choses par lui-même. Il a commencé à agir de son propre chef."

Rimiko dit que l'attente pour que le club redémarre semblait interminable. "Je suis tellement reconnaissante envers le coach Ota", déclare-t-elle.

En juillet 2009 , Ota, désireux de donner aux membres une chance de mettre leurs nouvelles compétences à l'épreuve comme tous les lutteurs, a organisé la "1ère Coupe Waseda". D'autres clubs pour enfants trisomiques avaient vu le jour, principalement sous l'impulsion d'Ota et de ses relations de lutte, et le tournoi a attiré 29 participants de trois clubs..

Le tournoi, qui sera plus tard rebaptisé "Waku-waku Waseda Cup" et sera parrainé par une entreprise employant d'anciens lutteurs de Waseda, attire des participants allant des enfants aux adultes d'une vingtaine d'années. Le niveau continue de s'améliorer et, contrairement aux premières années où il était difficile pour les participants de contrôler leurs émotions, les matchs ne sont plus interrompus et peuvent se dérouler sans heurts.

"Au début, notre objectif principal était simplement de les amener à pouvoir aller sur le tapis par eux-mêmes", a déclaré Ota dans une interview après le tournoi 2016. "Maintenant, ils comprennent les règles et peuvent avoir ce que nous considérons comme un match régulier."

Tous les participants reçoivent une médaille, mais le point culminant de la cérémonie de remise des prix est la sélection du MVP et du Fighting Spirit Award qui sont accompagnés d'un trophée. Alors qu'Ota tient le micro avant de faire l'annonce, les gagnants (qui sont éligibles pour le MVP) le regardent comme s'ils étaient en prière tandis que toute la salle prend une atmosphère de sourires

Ota2Un membre du club fait un exercice de double-leg takedown sous le regard des autres. (Photo: Japanese Wrestling Federation)


Viser les Jeux olympiques spéciaux

Comme en témoigne l'enthousiasme suscité par les Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, le sport n'est pas l'apanage des personnes valides. Les personnes atteintes du syndrome de Down ou d'autres déficiences intellectuelles font également des progrès dans la pratique du sport.

En octobre 2020, une compétition d'athlétisme réservée aux personnes atteintes du syndrome de Down s'est tenue à Miyazaki, dans le sud du Japon, et plus tôt cette année, une division pour les participants atteints du syndrome de Down a été mise en place pour la première fois lors d'une rencontre de natation à Chiba, à l'est de Tokyo.

À l'échelle internationale, Virtus, une organisation créée pour le développement du sport d'élite dans le monde entier pour les athlètes souffrant de déficiences intellectuelles, avait inscrit le judo au programme des 1ers Jeux Océanie/Asie qui se sont tenus en novembre de l'année dernière en Australie. Des athlètes japonais y ont participé, élargissant ainsi le champ des possibilités pour les personnes atteintes du syndrome de Down.

Ota regarde également au-delà des côtes japonaises. Le prochain objectif d'Ota est de faire entrer la lutte dans les Jeux olympiques spéciaux, qui ont une histoire de plus de 50 ans et diffèrent des Jeux paralympiques en ce qu'ils s'adressent spécifiquement aux personnes souffrant de déficiences intellectuelles. Actuellement, il y a plus de 20 sports dans les Jeux olympiques spéciaux, dont le judo.

Ota s'est rendu au siège de Washington, D.C., où on lui a dit que pour que la lutte soit incluse, il était nécessaire que le sport se développe au Japon et que davantage de pays dans le monde lancent des programmes. La lutte étant encore en pleine évolution et peu connue au Japon, il s'agit d'un obstacle de taille à franchir.

Mais il ne se laisse pas décourager. "Même si vous avez un handicap, tant qu'il existe un sport offrant une scène pour briller, on peut avoir une grande présence dans la société", a déclaré Ota.