#WrestleSassari

Coup d'oeil sur le Matteo Pellicone de Sassari

By Eric Olanowski

SASSARI, Italie (le 20 mai) -- La Salle des Sports municipale de Sassari, la Palestra Comunale, située à quelques minutes des plages de sable sardes les plus proches, accueille du 23 au 25 mai prochain le troisième événement de série de classement de l'année de United World Wrestling, le tournoi Matteo Pellicone. Sur la longue liste liste des stars inscrites, quatre champions olympiques, 18 médaillés mondiaux, trois lutteurs classés No.1.

Les quatre athlètes champions ou championnes olympiques sont les médaillés d'or de Rio Soslan RAMONOV (RUS) et Erica WIEBE (CAN), de Londres KIM Hyeonwoo (KOR) et Natalia VOROBEVA (RUS).  

Seront également présents, par style, au moins cinq médaillés des derniers mondiaux de Budapest et trois lutteurs classés No.1.

La lutte libre et la lutte gréco-romaine accueillent chacune cinq médaillés mondiaux, dont deux médaillés d'argent. La lutte féminine accueille également deux médaillées d'argent, mais cette fois parmi huit médaillées des mondiaux 2018.

Le trio de tête du tournoi est formé par Suleyman ATLI (TUR), Fatih ERDIN (TUR) et Kim Hyeonwoo. Atli et Erdin sont No.1 de lutte libre en 57kg et 86kg respectivement et Kim No.1 de lutte gréco-romaine en 77kg.

Lutte Libre

Si les tableaux sont pleins de lutteurs de 1re classe mondiale et olympique, les regards seront braqués sur la superstar italienne Frank CHAMIZO. 

Chamizo, double champion du monde, tentera de rester sur sa lancée du championnat d'Europe du mois dernier, d'où il est reparti médaillé d'or. A Bucharest, Chamizo a parfaitement aligné quatre victoires de suite sans concéder aucune défaite et a décroché son troisième titre continental depuis son départ de Cuba en 2013.

Si l'Italien, né à Cuba, termine au sommet du podium des 74kg, ce sera le second titre de série de classement de sa carrière et son premier depuis sa victoire sur le champion olympique de Londres Jordan BURROUGHS (USA) en finale du Yasar Dogu l'année dernière. Plus important, obtenir le podium permettrait à Chamizo, classé quatrième mondial avec 56 points, d'avoir un avantage certain sur Burroughs au classement pour le quatrième et dernier événement de série de l'année, le Yasar Dogu.  

Chamizo devra se défaire de trois concurrents de classe mondiale : le dauphin des mondiaux 2017 Khetik TSABOLOV (RUS), le triple champion d'Europe Soner DEMIRTAS (TUR) et le double médaillé mondial de bronze Yakup GOR (TUR). 

Chamizo avait déjà vaincu Tsabolov et Gor lors de leurs précédentes rencontres et serait à son avantage en cas de nouveaux combats. Chamizo avait battu Gor au championnat du monde de Paris en 2017 et Tsabolov lors du championnat d'Europe 2018. 

Face à Demirtas cependant, Chamizo devra être très prudent, puisque Demirtas l'avait sorti du tapis en demi-finale du championnat d'Europe 2018 avant de décrocher son troisième titre continental.

Autre événement à suivre dans cette cette catégorie des 74kg, le placement des lutteurs turcs Demirtas et Gor. 

Demirtas a lutté pour la Turquie à cinq championnats du monde consécutifs et aux Jeux de Rio - médaille d'or - mais sa place n'en est pas moins sur la sellette. Gor, qui a rejoint les 74kg l'année dernière, a pris des mains de Demirtas sa place pour le championnat d'Europe cette année - mais n'a terminé que neuvième.

Rien d'officiel, mais il me semble que le lutteur qui finira le mieux placé au Matteo Pellicone cette année représentera la Turquie en 74kg aux Jeux Européens de Minsk en Biélorussie au mois de juin.

Toujours en lutte libre, les deux lutteurs turcs classés No.1 mondiaux Suleyman Atli et Fahti Erdin seront en première ligne. 

Atli, au sommet de la catégorie des 57kg, fera ses débuts en tant que premier mondial après avoir été sacré champion d'Europe le mois dernier à Bucarest en Roumanie. 

Atli en viendra aux mains avec l'Italien Givi DAVIDOVI, seul autre lutteur inscrit en 57kg. Davidovi, avec 16 points de classement, est classé 18me mondial pour le Matteo Pellicone, mais une victoire le catapulterait en huitième place, juste derrière le cinquième des mondiaux Thomas GILMAN (USA).

Les deux athlètes compteraient alors chacun 32 points et Gilman garderait la tête sur critères grâce à son résultat des mondiaux 2018.

Fatih Erdin est le second lutteur turc classé No.1 mondial.

Erdin tient quatre points d'avance sur le champion du monde en titre David TAYLOR (USA) et en aurait 100 s'il gagnait le Sassari en 86kg, s'assurant par là-même la tête de série No.1 du championnat du monde. Erdin aurait alors 20 points d'avance sur l'Américain, alors que celui-ci ne pourrait en acquérir au plus que 18 en remportant le Yargar Dogu (avec plus de 20 entrées dans sa catégorie). 

Mais Erdin, qui a échoué lors de ses deux dernières finales de série de classement, devra marcher sur des oeufs pour remporter son premier titre : il fera face soit au champion d'Europe en titre Vladislav VALIEV (RUS) soit au médaillé d'argent olympique Selim YASAR (TUR). 

Valiev, champion d'Europe des 86kg, est classé sixième mondial avec 34 points. Une place sur le podium lui assurerait la troisième place au classement. Si Valiev passe troisième, il rencontrera le champion du monde en titre David Taylor en demi-finale du championnat du monde de Nur Sultan. 

Selim Yasar cherchera lui aussi à détrôner Erdin.

Yasar est pourtant à la peine. Le triple médaillé mondial et médaillé olympique n'avait jusque-là qu'une seule fois fini hors du top 10 et c'était en 2013 au Ali Aliev... jusqu'à récemment : ses trois dernières participations se sont soldées par le même résultat : 10me, 11me et 14me au Ivan Yariguin, au Alexander Medved et au Dan Kolov respectivement. 

Champion olympique à Rio, Soslan RAMONOV (RUS) fera son retour en compétition internationale pour la première fois depuis une opération chirurgicale au dos en novembre 2018. (Photo : Gabor Martin)

Ramonov revient à la compétition internationale
Champion olympique à Rio, Soslan RAMONOV (RUS) fera son retour en compétition internationale pour la première fois depuis une opération chirurgicale au dos subie en novembre 2018.

Ramonov a déclaré à United World Wrestling : “Je suis remonté sur le tapis. Je combattrai au championnat de Russie et, probablement, au championnat du monde". “J'espérais faire mon retour dès janvier et m'inscrire, vers l'automne, en 65kg pour un tournoi.” Mais il ne lutte pas encore avec les 65kg. Cette semaine en Sardaigne, c'est avec les 70kg qu'il combattra, pour redescendre en 65kg à l'occasion du championnat russe du mois de juillet.

Pour que Ramonov représente la Russie à Nur Sultan, il devra se montrer le plus fort dans une catégorie réputée pour sa difficulté : les 65kg comptent parmi eux le médaillé mondial de bronze Akhmed Chakaev, le double médaillé mondial d'argent des 61kg Gazhimurad RASHIDOV (RUS) et le dauphin du Yariguin Nachyin KUULAR. 

Autres médaillés mondiaux de Budapest : 
92kg - Alireza KARIMIMACHIANI (IRI) 
125kg - Parviz HADIBASMANJ (IRI) 

Lutte Gréco-Romaine

Le champion olympique coréen et classé No.1 mondial Hyeonwoo est au sommet de la liste des inscrits, parmi cinq médaillés des mondiaux de Budapest.

Kim est le seul lutteur tous styles confondus médaillé à la fois au championnat du monde, au championnat continental et aux deux premiers événements de série de classement.

Premier mondial de la catégorie des 77kg, il a été médaillé de bronze au dernier championnat du monde. Le Coréen a sécurisé sa position au sommet de la lutte asiatique en remportant le mois dernier son cinquième titre continental au championnat d'Asie Xi’an en Chine. Il a également ajouté à son tableau deux médailles de bronze en événements de série de classement (Open de Zagreb et Grand Prix de Hongrie). 

Division hongroise complète en 87kg 

La Hongrie, qui avait préféré laisser sur le banc du championnat d'Europe la majorité de ses lutteurs principaux, vient en Sardaigne armée jusqu'aux dents. Leur équipe comprend - entre autres - les médaillés mondiaux d'argent 2018 Balint KORPASI et Tamas LORINCZ, le champion du monde des U23 Erik SZILVASSY et le double vainqueur d'événements de série de classement (ESC) Viktor LORINCZ. 

Korpasi et Tamas Lorincz sont inscrits en 72kg et 77kg respectivement, mais Szilvassy et Viktor Lorincz concourront en 87kg. 

Szilvassy et Lorincz entrés dans la même catégorie, la Hongrie aura un gros problème pour savoir qui envoyer au championnat d'Europe et au championnat du monde.

Szilvassy, récente médaille de bronze au championnat d'Europe, est classé troisième mondial des 87kg. Szilvassy a 8 points d'avance sur Viktor Lorincz, classé cinquième avec 36 points.

Bien que Szilvassy précède Lorincz au dernier classement, ce dernier l'a vaincu lors des deux dernières demi-finales d'ESC, celles de l'Open de Zagreb et le Grand Prix de Hongrie.

Lutte Féminine 

La catégorie qui fait les titres en lutte féminine est celle des 76kg : s'y retrouveront la Canadienne et championne olympique de Rio Erica Wiebe, la Russe et championne olympique de Londres Natalia Vorobeva et neuf des lutteuses du top 20 mondial. Encore plus impressionnant, six d'entre elles font partie des 10 meilleures mondiales du classement de l'UWW.

La lutteuse la mieux classée pour le Matteo Pellicone est l'Allemande dauphine du championnat du monde 2017 Aline ROTTER FOCKEN (GER). Rotter Focken est classée quatrième avec 56 points et vient de récolter le bronze au championnat d'Europe, au Dan Kolov et au Ivan Yariguin. 

Venue du Kazakhstan, Elmira SYZDYKOVA est classée cinquième avec 42 points après avoir aussi remporté le bronze du Dan Kolov et du Ivan Yariguin. 

La championne olympique Erica Wiebe, médaille de bronze au championnat du monde de Budapest l'année passée, a concédé la défaite face à la No.1 mondiale Adeline GRAY (USA) lors du championnat panaméricain. La Canadienne est classée sixième mondiale avec 39 points.

Zsanett NEMETH (HUN) vient à Sassari classée septième mondiale avec 36 points et fraîchement médaillée de bronze du championnat d'Europe, un mois après s'être blessée pendant le combat pour la médaille de bronze au championnat du monde où elle a dû se contenter, à domicile, d'une cinquième place.

L'Estonienne Epp MAE et la Norvégienne Iselin SOLHEIM ferment la marche des représentantes du top 10, classées huit et neuvième respectivement. 

Lutteuses présentes classées dans le top 20 - 76kg 
No. 4 Aline ROTTER FOCKEN (GER) 
No. 5  Elmira SYZDYKOVA (KAZ) 
No. 6 Erica WIEBE (CAN) 
No. 7 Zsanett NEMETH (HUN) 
No. 8 Epp MAE (EST) 
No. 10 Iselin Maria Moen SOLHEIM (NOR)
No. 15 Genesis Rosangela REASCO VALDEZ (ECU) 
No. 19 Vasilisa MARZALIUK
No. 20  Eunju HWANG (KOR) 

Barka et Dhanda en 57kg 

Chez les 57kg, les médaillées mondiales de bronze Emese BARKA (HUN) et Pooja DHANDA (IND) sont attendues à Sassari. Barka est classée cinquième mondiale suite à son titre européen du mois passé, obtenu par 4-2 sur l'Ukrainienne Tetyana KIT (UKR). 

Dhanda, cinquième du championnat d'Asie, suit Barka en sixième position du classement mondial avec 37 points. Dhanda a concédé la demi-finale du championnat d'Asie face à la championne du monde en titre et classée No.1 mondiale RONG Ningning (CHN), puis a déclaré forfait pour son combat de médaille de bronze contre la huitième mondiale SUKHEE Tserenchimed (MGL). 

La championne du monde des U23 Grace BULLEN (NOR) et la médaillée mondiale 2017 Odunayo ADEKUOROYE (NGR), même si elles n'ont pas obtenu de médaille au championnat du monde 2018, restent de très sérieuses adversaires dans la catégorie des 57kg.

Bullen est classée troisième mondiale avec 58 points, Adekuoroye quatrième avec 46 points. 

Mensah à la poursuite de son troisième titre consécutif en ESC

Tamyra MENSAH (USA) arrive à Sassari invaincue, médaillée d'or du Ivan Yariguin, du Dan Kolov et du championnat panaméricain. Son doublé en ESC et son titre continental suivent sa médaille de bronze des mondiaux 2018. Avec 59 points, elle est classée deuxième mondiale des 68kg.

Pour un troisième titre en ESC, Mensah devra vaincre la prétendante canadienne Danielle LAPPAGE. 

Lappage, dauphine du championnat du monde l'année dernière avec les 65kg, rejoindra pour la seconde fois de sa carrière la catégorie des 68kg depuis cette médaille d'argent - elle avait aussi décroché la médaille d'argent du Grand Prix d'Allemagne dans cette catégorie.

Trois autres médaillées olympiques sur les tapis 

En plus des deux championnes olympiques inscrites en 76kg, trois autres médaillées des JO seront en compétition : Marwa AMRI (TUN), Jenny FRANSSON (SWE) et Sofia MATTSSON (SWE). 

Amri, classée 12me mondiale, sera en 62kg. La Tunisienne vient de décrocher son dixième championnat d'Afrique. 

Fransson, classée 13me mondiale des 68kg, vient de décrocher le bronze au championnat d'Europe, mais concourra avec les 72kg. 

Mattsson, 10me mondiale, luttera en 55kg. 

Le retour de Koumba Larroque 

Koumba LARROQUE, la Française quadruple championne du monde cadet/junior et deux fois médaillée mondiale senior, remontera pour la première fois sur les tapis depuis son échec en finale des mondiaux de Budapest face à l'Ukrainienne Alla CHERKASOVA. Larroque menait pourtant par 6-0 avant un croisillon qui lui déchira les ligaments du genou, suivi d'une opération et de six mois de repos forcé.

Larroque est entrée en 72kg et est classée cinquième de la catégorie avec 40 points. 

Autres médaillées mondiales 2018 à suivre : 
53kg - Diana WEICKER (CAN) 
62kg - Mallory VELTE (USA) 

Le Matteo Pellicone Memorial ouvrira ses rideaux à Sassari le 23 mai sur la compétition de lutte gréco-romaine. La lutte féminine prendra le pas vendredi, suivie de la lutte libre en fin de tournoi le 25 mai. Les combats sont diffusés en direct sur www.unitedworldwrestling.org. 

#JapanWrestling

L'ancienne star japonaise de lycée veut mettre les Samoa sur la carte de la lutte

By Ikuo Higuchi

(Note de la rédaction : le texte suivant est apparu sur le site internet de la Japan Wrestling Federation le 2 novembre. Il a été traduit et publié avec son autorisation.)

TOKYO -- Sur le calendrier japonais de la lutte, l'Open National non étudiant se situe bien en dessous du niveau des tournois majeurs tels que la Coupe de l'Empereur ou la Coupe Meiji, qui servent de qualificatifs pour les équipes mondiales et olympiques.

Il est donc rare de voir un futur membre de l'équipe olympique participer au tournoi. Pourtant, lors de l'évènement de cette année, qui se déroulait pour la première fois en 3 ans en raison de la pandémie, il y en avait un, bien que ce ne soit pas l'équipe japonaise que Gaku AKAZAWA souhaite intégrer pour les Jeux Olympiques Paris 2024.

Ancienne star de lycée, Akazawa a remporté le titre de lutte libre en 70kg en tant que membre d'une équipe de l'île du Pacifique nation de Samoa, qu'il espère représenter à Paris. 

Akazawa, âgé de 32 ans, dont la quête pour la gloire olympique comprenait un congé sabbatique de 4 ans en Russie, luttait dans son pays natal pour la première fois en trois ans à l'Open non étudiant qui s'est tenu du 29 au 30 octobre à Fujimi, Préfecture de Saitama, au nord de Tokyo.

Akazawa, qui n'a pas réussi à obtenir la nationalité samoane à temps pour les Jeux Olympiques de Tokyo, espère obtenir ses papiers à temps pour Paris. "Je n'ai jamais cessé de rêver de participer aux Jeux Olympiques," a-t-il déclaré. "Je ferai tous les efforts possibles pour devenir un olympien de Samoa."

JPNGaku Akazawa célèbre sa victoire en lutte libre 70kg pour l'équipe Samoa. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

La dernière compétition d'Akazawa au Japon remonte aux Championnats All-Japan de la Coupe de l'Empereur 2016. La victoire à Fujimi était sa première où que ce soit depuis qu'il a remporté le titre national inter-lycées en 66kg en 2008, ce qui a fait de lui le tout premier champion national du Lycée Hanasaki Tokuharu dans la Préfecture de Saitama.

Son entraîneur à Hanasaki Tokuharu, Takuya TAKASAKA, était présent pour voir l'ancien prodige montrer son esprit combatif avec des victoires difficiles sur plusieurs adversaires avec des pedigrees. En demi-finale, Akazawa a battu le champion collégiale national 2018 Hayato OGATA 8-2, puis s'est emparé du titre avec une victoire 6-2 sur Kantaro YAMAZAKI, qui avait remporté les titres de printemps et d'automne de la ligue collégiale de l'est du Japon en 2018.

"Cela faisait longtemps que je n'avais pas lutté au Japon, aussi je n'avais aucune idée du niveau auquel j'étais," a déclaré Akazawa. "J'étais nerveux. En remportant le titre, j'ai pu me faire une idée de mon niveau et, honnêtement, je suis réellement très content."

Interrogé sur l'origine de sa ténacité et de son endurance qui lui ont permis de rallier les victoires, il a répondu, "Tous les matins et tous les soirs, parfois trois fois par jour, je m'entraîne intensément. Je pense que cela s'est vu aujourd'hui."

A Samoa, la lutte est encore loin d'être populaire et, avec la pandémie qui a limité les activités, il y a seulement 10 lutteurs âgés de plus de 14 ans dans tout le pays. La majorité des compétiteurs sont encore débutants et  il ne peut pas s'entraîner de manière à aiguiser ses compétences. "Au lieu de cela, je pense que j'ai pu gagner grâce à ma force physique," a-t-il déclaré.

JPN1Akazawa, à droite, pose avec les compétiteurs des championnats nationaux Samoans dans la capitale Apia en août 2021, où il officiait en tant qu'arbitre. (Photo avec l'aimable autorisation de Gaku Akazawa)

Depuis la Russie, avec détermination

L'Open non-étudiant, comme son nom l'indique, s'adresse à tous ceux qui ne sont pas à l'école et attire un large éventail de lutteurs aux parcours variés, des anciens champions du lycée à ceux qui ont commencé ce sport après avoir quitté l'université pour garder la forme et peut-être s'entraîner le week-end dans un club local.

Mais pour Akazawa, cela représente un défi directement lié au fait de se rendre à Paris. "Je n'avais pas lutté au Japon depuis longtemps, donc je pense qu'il y avait des gens qui pensaient que j'avais pris ma retraite," a-t-il déclaré avec un sourire.

Akazawa, qui a remporté le titre national junior de lycée et le titre JOC olympique junior, est venu à l'Université de Nihon University après son succès de Inter-High School, mais n'a pas été en mesure de le réitérer au niveau collègial. Plombé par des blessures, le dossier de Akazawa dans la base de données du site internet de la Fédération japonaise de lutte, qui répertorie tous les résultats, ne comporte aucune entrée pour ses années à Nihon.

Il ne fera sa première apparition à la Coupe de l'Empereur (organisée en décembre) qu'en 2013, l'année où il a obtenu son diplôme de Nihon. Il s'est classé cinquième en 60 kg.

N'abandonnant jamais son rêve olympique, il choisit une voie qui le mène vers l'une des principales puissances du sport, la Russie. Il s'est rendu à Krasnoyarsk, la ville sibérienne bien connue au Japon pour avoir accueilli le prestigieux Grand Prix Ivan Yarygin, pour poursuivre sa carrière.

Il n'avait pas de sponsor. À l'expiration de son visa, il retournait au Japon, faisait quelques petits boulots pour économiser de l'argent, puis retournait à Krasnoïarsk. Il a enduré cette vie instable pendant quatre ans, de 2013 à 2017, tout cela à cause de son amour pour ce sport et de son désir de devenir un champion olympique.

Mais peu importe son entraînement dans un pays de lutte de haut niveau, une telle instabilité dans sa vie quotidienne rendait certainement difficile la concentration sur le sport. Il est retourné au Japon pour participer à la Coupe de l'Empereur et à la Coupe Meiji (les championnats sur invitation du Japon, qui ont lieu au printemps), mais il n'a pas réussi à monter sur le podium.

Les Jeux olympiques semblaient plus éloignés que jamais. Mais son rêve ne s'est jamais évanoui. Ce qui a attiré son attention, c'est qu'un de ses copains lutteurs russes, au lieu de concourir pour l'équipe russe , avait changé de nationalité et s'était rendu aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si une telle démarche est excessivement rare au Japon, elle n'est pas sans précédent. Un comédien mineur nommé Neko HIROSHI (neko signifie chat ; son vrai nom est Kuniaki TAKIZAKI) est devenu citoyen cambodgien pour pouvoir courir le marathon masculin aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si son geste a attiré l'attention en tant que célébrité, il a également dû faire face à des critiques car son meilleur temps n'aurait même pas fait partie de l'équipe féminine japonaise. Il a terminé à la 138e place à Rio, à 37 minutes du vainqueur, avec un temps qui l'aurait placé à la 85e place chez les femmes.

Akazawa, dont le cas est différent dans la mesure où il est déjà au niveau mondial, a commencé à réfléchir à la manière dont il pourrait changer de nationalité. Il s'est mis à penser aux pays où il serait le plus facile de se qualifier et a été attiré par l'Océanie. Un professeur d'anglais de l'époque où il était au collège a été envoyé à Samoa dans le cadre d'un programme de l'Agence japonaise de coopération internationale en tant qu'instructeur de judo, et Akazawa a pris contact avec lui.

C'est à partir de ce moment-là qu'il s'est installé à Samoa en juin 2017.

JPN3Maulo Willie ALOFIPO, ancien joueur de rugby, a accompagné Akazawa au Japon et a terminé second dans les deux styles. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Faire passer le message à Samoa

Jerry WALLWORK, Président de la Fédération de lutte samoane, croit en l'enthousiasme et le dévouement d'Akazawa et lui apporte son soutien. L'année suivante, Akazawa épouse une infirmière locale nommée Sinevalley. Il a demandé un changement de nationalité en vue des Jeux olympiques de Tokyo, mais il n'est pas arrivé à temps. "C'est difficile d'obtenir la nationalité samoane", a déclaré Akazawa.

Akazawa gagne actuellement sa vie en tant que propriétaire d'un salon de massage, et peut poursuivre sa carrière de lutteur grâce au soutien de la fédération. Pour l'Open non-étudiant, Samoa était sorti du confinement et Akazawa a dû rentrer au Japon pour une affaire de famille, il a donc décidé de profiter de l'occasion pour participer au tournoi et voir où il en était.

Il devait être accompagné de deux lutteurs samoans, qui ont participé aux tournois individuels dans les deux styles. Le trio devait également participer à l'épreuve par équipe. Cependant, le père d'un des lutteurs est tombé malade et n'a pas pu faire le voyage, et l'équipe Samoa a dû se retirer.

Le lutteur restant, Maulo Willie ALOFIPO, a tiré le meilleur parti de son voyage, remportant des médailles d'argent dans les deux styles en 97 kg et acquérant une précieuse expérience internationale. Ce jeune homme de 25 ans était à l'origine un joueur de rugby et ne pratique la lutte que depuis deux ans.

"Il y a des points communs entre le rugby et la lutte", a dit Akazawa à Alofipo en le recrutant pour cette dernière. "Tu peux le faire juste une fois par semaine si tu veux, mais pourquoi ne pas essayer ?".

Alofipo a progressivement commencé à consacrer plus de temps à la lutte. Il s'entraîne le matin avant de se rendre à son travail la journée dans une plantation de cacao, puis retourne sur le tapis pour une séance du soir.  Il a fait ses débuts sur la scène internationale en août de cette année, terminant cinquième en lutte libre 97 kg aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, en Angleterre.

Quant à sa deuxième place au tournoi du Japon, il a déclaré : "Je suis vraiment heureux. Le Japon est un pays de très haut niveau. C'est un plaisir de pouvoir se battre ici".

Interrogé sur son objectif à partir de maintenant, il a répondu : "Les Jeux olympiques".

Akazawa et Alofipo sont restés au Japon après le tournoi et prévoient d'y rester jusqu'à fin décembre. Akazawa a déclaré qu'ils s'entraîneront dans ses écoles d'origine, la Hanasaki Tokuharu High School et la Nihon University.

Bien que sa victoire lui ait valu une place à la Coupe de l'Empereur en décembre, Akazawa n'y a pas participé. Sa dernière incursion visait à tester son niveau actuel et, se considérant désormais comme un "Samoan", il a déclaré qu'il ne pouvait plus prétendre au titre de numéro un au Japon.

 JPN3Akazawa enregistre un tombé au deuxième tour des Championnats nationaux non-étudiants. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Construire une nouvelle puissance

Lorsqu'il a décidé dans quel lycée il irait, Akazawa a contourné les puissances de l'époque pour Hanasaki Tokuharu, qui était pratiquement inconnu dans le milieu de la lutte. "Plutôt que de me renforcer dans une équipe forte, je voulais aller dans une école sans nom et battre les puissances les unes après les autres", a-t-il déclaré à l'époque.

Et c'est à peu près ce qu'il a fait. Lors de sa troisième année en 2008, il a aidé Hanasaki Tokuharu à mettre fin au règne de 14 ans du lycée Kasumigaura de la préfecture d'Ibaraki lors du championnat des lycées du Kanto (le Kanto est la région du Japon qui comprend Tokyo et ses environs).

Kasumigaura prendra sa revanche plus tard lors de la finale par équipe des championnats inter-lycées, mais dans ce match, Akazawa a battu le champion national en titre (sur la photo du haut). Il s'est fait un nom et a aidé à lancer une nouvelle puissance sur la scène, quatre ans seulement après sa fondation.

L'énergie et l'enthousiasme qu'Akazawa ressent aujourd'hui à Samoa sont incroyablement similaires à "cette époque". Les Samoa bénéficient d'un climat chaud toute l'année, avec des températures moyennes de 23°C et de 31°C. La salle de lutte est une installation en plein air avec un toit, un peu comme dans le Japon d'une autre époque où chaque ville avait un ring de sumo extérieur situé à côté du sanctuaire local.

Alors que les salles de sport au Japon sont désormais climatisées, c'est un monde de différence à Samoa. "Chaque jour, je m'entraîne trempé de sueur", a déclaré Akazawa.

Le rugby est toujours roi à Samoa, et essayer d'augmenter la participation dans d'autres sports n'est pas une tâche facile. Mais des progrès ont été réalisés, puisque les Samoa ont été représentées aux Jeux olympiques en judo. Dans la lutte, la seule participation olympique de l'histoire du pays a eu lieu aux Jeux de Sydney en 2000, lorsque Faafatai IUTANA s'est qualifié dans la catégorie gréco-romaine des 76 kg. Les Samoa ont eu un bon nombre de médaillés d'or aux championnats d'Océanie, mais aucun depuis 2011. Le potentiel est donc là.

La réalisation de son propre rêve olympique sera un lien pour le développement de la lutte à Samoa. Pour l'instant, alors qu'il attend de savoir s'il obtiendra la citoyenneté, Akazawa continuera à concentrer tous ses efforts pour Paris. La plupart de ses coéquipiers du lycée ont depuis longtemps quitté le tapis et ont suivi la voie de l'entraînement. Mais au moins l'un des membres de la "promotion 2008" a toujours une passion brûlante pour les Jeux olympiques.

-- Traduction anglaise par Ken Marantz