Séries de classement

Le champion olympique Kim demeure le seul non européen classé No.1 mondial

By Eric Olanowski

VEVEY, Suisse (le 25 juin) – Le champion olympique coréen KIM Hyeonwoo, médaillé d'or du Sassari en Sardaigne le mois dernier, reste le seul lutteur non européen classé No.1 mondial à la veille du dernier événement de série de classement de lutte gréco-romaine de l'année, le Oleg Karavaev (26-28 juillet).

Des neuf premières places tenues par des Européens, cinq sont aux mains de lutteurs russes : Sergey EMELIN (60kg), Stepan MARYANYAN (63kg), Artem SURKOV (67kg), Musa EVLOEV (97kg) et Sergey SEMENOV (130kg).

Eldaniz AZIZLI (AZE), Frank STAEBLER (GER), Emrah KUS (TUR) et Zhan BELENIUK (UKR) donnent à l'Azerbaïdjan, l'Allemagne, la Turquie et l'Ukraine les quatre autres places en tête du classement mondial par catégorie de poids.

Azizli se maintient en tête des 55kg 
Eldaniz Azizli est tête de série des 55kg. L'Azéri garde 30 points d'avance sur son poursuivant Ilkhom BAKHROMOV (UZB) et peut se permettre le luxe de faire l'impasse sur le Oleg Karavaev tout en gardant sa place.  

Bakhromov a tout juste six points d'avance sur le dauphin des mondiaux de Budapest Zholaman SHARSHENBEKOV (KGZ), et neuf sur le quatrième Ekrem OZTURK (TUR). Cela semble cependant n'avoir aucune importance puisque seulement deux lutteurs sont inscrits dans la catégorie des 55kg pour le Karavaev et qu'aucun d'eux ne semble être en mesure d'obtenir une tête de série pour les mondiaux de Noursultan en septembre prochain. 

Si les inscriptions du Karaev ne changent pas, le classement de cette catégorie ne subira pas de modification jusqu'en septembre et les demi-finales des mondiaux opposeront sans doute, dans le haut du tableau, Azizli à Ozturk et Bakhromov à Sharshenbekov dans le bas du tableau. 

Top 10, 55kg 
76 - Eldaniz AZIZLI (AZE)
46 - Ilkhom BAKHROMOV (UZB)
40 - Zholaman SHARSHENBEKOV (KGZ)
37 -Ekrem OZTURK (TUR)
35 - Nugzari TSURTSUMIA (GEO)
27 - Abdelkarim FERGAT (ALG)
24 - Reza Kheirollah KHEDRI (IRI)
20 - Liguo CAO (CHN)
20 - Norayr HAKHOYAN (ARM)
20 - Vitalii KABALOEV (RUS)

Emelin défait Ciobanu sur critères et passe tête de série No.1 des 60kg
Sergey Emelin et Victor CIOBANU (MDA), déjà opposés lors des finales du championnat d'Europe et des derniers mondiaux, semblent sur la voie d'une troisième rencontre si le classement ne subit pas de modification jusqu'au prochain championnat du monde.

Emlin, classé No.1 de la catégorie des 60kg, a 18 points d'avance sur celui qui l'avait éliminé en finale du championnat d'Europe, Victor Ciobanu, mais les critères dont bénéficie le Russe lui assure la tête de série No.1.

KIM Seunghak (KOR) a rejoint la troisième position du dernier classement et constitue désormais une menace crédible pour tous les prétendants à une médaille des mondiaux dans la catégorie des 60kg, après avoir aligné deux titres consécutifs en événement de série de classement (ESC), au Grand Prix de Hongrie tout d'abord puis lors du Sassari le mois dernier.

Ivan LIZATOVIC (CRO) est classé quatrième mondial des 60kg, à tout juste 4 points de Kim. Mais le Kazakh Aidos SULTANGALI, classé 11me, est à 17 points de Lizatovic et sera sur les tapis du prochain et dernier ESC. S'il obtient la médaille d'or et que sa catégorie comprend plus de 20 participants, les 18 points obtenus le classeront devant Lizatovic.

Top 10, 60kg 
78 - Sergey EMELIN (RUS)
60 - Victor CIOBANU (MDA)
46 - Seunghak KIM (KOR)
42 - Ivan LIZATOVIC (CRO)
39 - Sailike WALIHAN (CHN)
38 - Se Ung RI (PRK)
34 - Kerem KAMAL (TUR)
28 - Firuz TUKHTAEV (UZB)
28 - Gyanender GYANENDER (IND)
26 - Virgil MUNTEANU (ROU)

Les trois premières têtes de séries des 63kg désignées pour Noursultan 
L'ardoise du champion du monde en titre Stepan Maryanyan reste sans rature depuis Budapest. Il a depuis remporté le Dan Kolov - Nikola Petrov et le championnat d'Europe, cimentant sa place de tête de série No.1 des 63kg avec 80 points de série de classement.

Ses deux poursuivants, Elmurat TASMURADOV (UZB) et TUO Erbatu (CHN), ont également bloqué leurs têtes de série ; seulement 6 points les séparent et Tasmuradov, blessé lors du championnat d'Asie, devance Tuo. 

Slavik GALSTYAN (ARM) est classé quatrième mondial en 63kg à 22 points de Tuo. Galstyan doit encore travailler pour s'assurer une tête de série aux mondiaux. 33 lutteurs ont la possibilité de le rattrapper et le plus menaçant d'entre eux est Shinobu OTA (JPN), classé 22me pour l'instant. Ota est inscrit pour le Karavaev et a besoin de 15 points pour supplanter l'Arménien.

Top 10, 63kg 
80 - Stepan MARYANYAN (RUS)
56 - Elmurat TASMURADOV (UZB)
50 - Erbatu TUO (CHN)
28 - Slavik GALSTYAN (ARM)
28 - Taleh MAMMADOV (AZE)
26 - Stig-Andre BERGE (NOR)
26 - Andres Roberto MONTANO ARROYO (ECU)
25 - Rahman BILICI (TUR)
25 - Lenur TEMIROV (UKR)
20 - Hassan Hassan Ahmed MOHAMED (EGY)

Surkov en tête des 67kg 
Le champion du monde en titre Artem Surkov est tête de série No.1 pour les mondiaux, détient 30 points d'avance sur RYU Hansu (KOR), classé deuxième mondial, et peut donc se permettre de faire l'impasse sur le Kavaraev. 

Mais Ryu n'a que trois points d'avance sur le Polonais et classé No.3 Gevorg SAHAKYAN et le Kazakh Meiirzhan SHERMAKHANBET. 

D'ici là, six lutteurs peuvent prétendre à une tête de série, mais seulement deux seront au Karavaev et tous deux sont Japonais. Tsuchika SHIMOYAMADA et Shogo TAKAHASHI, classés neuf et dixième respectivement, sont à égalité de 28 points. 

Étant donné qu'ils sont les deux seuls lutteurs du top 10 inscrits pour l'ultime ESC, si leur catégorie comprend plus de vingt entrées et que l'un d'entre eux deux décroche le titre, il pourrait rejoindre le top 3 de sa catégorie aux mondiaux. 

Top 10, 67kg 
78 - Artem SURKOV (RUS)
48 - Hansu RYU (KOR)
45 - Gevorg SAHAKYAN (POL)
43 - Meiirzhan SHERMAKHANBET (KAZ)
40 - Davor STEFANEK (SRB)
30 - Danijel JANECIC (CRO)
30 - Mate NEMES (SRB)
28 - Mamadassa SYLLA (FRA)
28 - Tsuchika SHIMOYAMADA (JPN)
28 - Shogo TAKAHASHI (JPN)

Staebler passe en 67kg et Mnatsakanian en tête
L'Allemand Frank STAEBLER a, depuis son troisième titre mondial obtenu à Budapest, rejoint la catégorie de poids olympique des 67kg et fera l'impasse sur sa première place du classement des 72kg. Aik MNATSAKANIAN (BUL) en est le bénéficiaire. Il se classe No.1 et sans autre lutteur classé inscrit au Kavaraev, les trois autres têtes de série des mondiaux seront Balint KORPASI (HUN), Abuiazid MANTSIGOV (RUS) et Tarek Aziz BENAISSA (ALG).

Top 10, 72kg 
60 - Frank STAEBLER (GER)
55 - Aik MNATSAKANIAN (BUL)
52 - Balint KORPASI (HUN)
40 - Abuiazid MANTSIGOV (RUS)
38 - Tarek Aziz BENAISSA (ALG)
32 - Hujun ZHANG (CHN)
30 - Cengiz ARSLAN (TUR)
26 - Robert Attila FRITSCH (HUN)
26 - Mateusz Lucjan BERNATEK (POL)
25 - Rasul CHUNAYEV (AZE)

Le champion olympique Kim reste le seul non-européen classé No.1 mondial
Sacré champion olympique à Londres, le Coréen Kim Hyeonwoo est le seul lutteur non européen classé No.1 mondial. Kim a remporté le championnat d'Asie et le Sassari et est médaillé de bronze de l'Open de Zagreb et du Grand Prix de Hongrie. Il a 26 points d'avance sur Viktor NEMES (SRB), ce qui signifie qu'il sera tête de série No.1 des 77kg lors des mondiaux. 

Nemes n'a qu'un seul point d'avance sur le champion du monde en titre Aleksandr CHEKHIRKIN (RUS) ; on ignore si la Russie enverra Chekhirkin ou le double champion olympique Roman VLASOV (RUS), également champion d'Europe de la catégorie. 

Le Hongrois Tamas LORINCZ est classé quatrième et sa place en tête de série est menacée par Kamal BEY (USA), mais comme l'Américain n'a pas été retenu pour l'équipe US des mondiaux, Lorincz devrait pouvoir s'en sortir sans lutter en Biélorussie. 

Top 10, 77kg 
87 - Hyeonwoo KIM (KOR)
61 - Viktor NEMES (SRB)
60 - Aleksandr CHEKHIRKIN (RUS)
52 - Tamas LORINCZ (HUN)
36 - Kamal Ameer BEY (USA)
32 - Bilan NALGIEV (UZB)
22 - Roman VLASOV (RUS)
20 - Alex Michel BJURBERG KESSIDIS (SWE)
20 - Yosvanys PENA FLORES (CUB)
20 - Roland SCHWARZ (GER)

Kus, médaillé de bronze européen, passe devant Bacsi
Emrah KUS (TUR) et Peter BACSI (HUN) sont classés respectivement 1er et 2me, mais Bacsi a annoncé sa retraite et Saeid Morad ABDVALI (IRI) prendra la deuxième place en septembre. 

Viktar SASUNOUSKI (BLR) est classé quatrième pour l'instant, mais deux lutteurs du top 8 présents en Biélorussie sont assez proches pour lui chiper la tête de série.

Champion d'Europe en titre, Rajbek BISULTANOV (DEN) est à trois points de Sasunouski, et le médaillé de bronze d'Asie Maxat YEREZHEPOV (KAZ), à sept points du Biélorusse ; tous deux visent l'or au Karavaev. 

Top 10, 82kg 
70 - Emrah KUS (TUR)
60 - Peter BACSI (HUN)
38 - Saeid Morad ABDVALI (IRI)
37 - Viktar SASUNOUSKI (BLR)
36 - Burhan AKBUDAK (TUR)
34 - Rajbek Alvievich BISULTANOV (DEN)
32 - Jalgasbay BERDIMURATOV (UZB)
30 - Maxat YEREZHEPOV (KAZ)
25 - Maksim MANUKYAN (ARM)
20 - Atabek AZISBEKOV (KGZ)

Les têtes de série des 87kg prédéfinies avant le Karavaev 
Les têtes de série des mondiaux, catégorie de poids des 87k, sont dors et déjà gravées dans la pierre. En effet, la Hongrie a deux lutteurs dans le top 4 et ne peut en inscrire qu'un seul au championnat du monde. De plus, un seul lutteur a la possibilité de rejoindre le top 4, ce dont il est assuré par la présence des deux hongrois.

Le champion d'Europe en titre Zhan Beleniuk est No.1. Le double champion du monde turc Metehan BASAR suivra en deuxième position. La Hongrie jouera probablement Viktor LORINCZ, actuellement classé quatrième mais vainqueur du No.3 Erik SZILVASSY déjà par trois fois cette année. Cela signifie que Lorincz sera tête de série No.3 et qu'Islam ABBASOV (AZE) passera en quatrième position. 

Top 10, 87kg 
62 - Zhan BELENIUK (UKR)
60 - Metehan BASAR (TUR)
56 - Erik SZILVASSY (HUN)
52 - Viktor LORINCZ (HUN)
40 - Islam ABBASOV (AZE)
32 - Radzik KULIYEU (BLR)
32 - Hossein Ahmad NOURI (IRI)
32 - Bachir SID AZARA (ALG)
28 - Mikalai STADUB (BLR)
26 - Rustam ASSAKALOV (UZB)

Evloev inscrit pour Noursultan et tête de série No. 1 en 97kg
Musa Evloev, Kiril MILOV (BUL) et Tracy HANCOCK (USA) forment dors et déjà le top 3 de la catégorie des 97kg de Noursultan. Tous ont assez de points pour faire l'impasse sur le dernier ESC et rester dans le top 3.

Quatrième pour l'instant mais sans assurance de garder sa place, l'Iranien Mahdi ALIYARIFEIZABADI (IRI) détient 39 points. Sept lutteurs, dont aucun n'est encore inscrit au Karavaev, pourraient lui prendre sa place s'ils se présentent au tournoi. Quatre sont dans un espace de neuf points et la médaille de l'un d'eux suffirait pour prendre la place de l'Iranien.

Top 10, 97kg 
82 - Musa EVLOEV (RUS)
74 - Kiril Milenov MILOV (BUL)
60 - Tracy Gangelo HANCOCK (USA)
39 - Mahdi Abbas ALIYARIFEIZABADI (IRI)
35 - Mihail KAJALA (SRB)
32 - Luillys Jose PEREZ MORA (VEN)
32 - Fatih BASKOY (TUR)
30 - Balazs KISS (HUN)
28 - Nikoloz KAKHELASHVILI (ITA)
28 - Jahongir TURDIEV (UZB)

Semenov tête de série No.1 des 130kg
Comme en 97kg, le top 3 des 130kg est déjà défini pour les mondiaux de septembre, avec dans l'ordre Sergey Semenov, Adam Jacob COON (USA) et Heiki NABI (EST).

KIM Minseok (KOR) détient la quatrième tête de série pour l'instant. Bien que ce soit peu probable car seulement huit lutteurs sont inscrits dans cette catégorie pour le Kavaraev, Muminjon ABDULLAEV (UZB) a la possibilité de renverser le Coréen s'il décroche le titre face à plus de vingts lutteurs.

Top 10, 130kg 
76 - Sergey SEMENOV (RUS)
60 - Adam Jacob COON (USA)
52 - Heiki NABI (EST)
47 - Minseok KIM (KOR)
30 - Muminjon ABDULLAEV (UZB)
28 - Yasmani ACOSTA FERNANDEZ (CHI)
28 - Oskar MARVIK (NOR)
28 - Alin ALEXUC CIURARIU (ROU)
26 - Lingzhe MENG (CHN)
26 - Balint LAM (HUN)

#JapanWrestling

L'ex médaillé olympique Ota continue sa mission d'ouvrir le tapis de lutte aux personnes atteintes du syndrome de Down (trisomie 21)

By Ikuo Higuchi

(Note de l'éditeur : Ce qui suit est une version éditée d'une série en 2 parties qui est apparue sur le site internet de la fédération japonaise de lutte le 18 janvier avec des extraits des histoires précédentes. Elle a été traduite et publiée avec la permission de l'auteur.)

"A travers la lutte, la société peut être changée. La lutte peut donner du courage aux personnes atteintes du syndrome de Down."

Au deuxième étage d'un immeuble quelconque à proximité du Tokyo Dome, au coeur de la ville, les membres du club se sont rassemblés dans une petite salle d'arts martiaux équipée d'un tapis de sol pour reprendre les activités qui, pour certains, remonte à la création du club en 2005.

Inévitablement suspendu durant la pandémie, le club de lutte Waku-waku -- spécifiquement destiné à ceux ayant le syndrome de Down -- a a repris mi-janvier au centre de Tokyo, poursuivant la mission de son fondateur de permettre aux personnes atteintes du syndrome de Down de devenir plus affûtées physiquement et émotionnellement, et de leur donner espoir en la vie.

Le club ("waku-waku" est une expression onomatopéique du sentiment d'excitation) est l'oeuvre de la vie de Takuya OTA, médaillé de bronze des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 en lutte libre 74kg.  "C'est devenu une partie de ma vie," a déclaré Ota âgé de 53 ans, qui, après avoir été longtemps entraîneur à l'université de Waseda, est actuellement entraîneur en chef à l'université Chuo. "Je puise mon énergie pour continuer auprès de ces enfants."

La flamme de l'intérêt d'Ota à aider les personnes atteintes du syndrome de Down s'est allumée après avoir été profondément ému par le livre "Tatta Hitotsu no Takaramono (Le seul et unique trésor)," le récit d'une mère qui a élevé un fils atteint de cette maladie publié en 2004. Le livre de Hiromi Kato a fait l'objet d'une fiction télévisée intitulée "The One and Only (le seul et unique)," qui a remporté le prix de la Télévision Asiatique pour une fiction en 2005.

Quand Ota a débuté le projet, il travaillait déjà à temps plein comme entraîneur des compétiteurs de classe mondiale à Waseda, l'équipe la plus ancienne du Japon. Il avait également lancé le club Waseda Club pour les enfants, animé par sa volonté de faire connaître les merveilles de la lutte au plus grand nombre.

Selon le site internet de la clinique Mayo, le syndrome de Down est une "maladie génétique" due à la division anormale de cellules durant la grossesse. Le matériel génétique supplémentaire qui en résulte engendre " les changements de développement et les caractéristiques physiques du syndrome de Down."

Elle touche 1 nouveau-né sur mille et sa gravité est variable. Le site internet stipule : "Une meilleure compréhension du syndrome de Down et des interventions précoces peuvent grandement accroître la qualité de vie des enfants et des adultes atteints de cette maladie et les aider à mener une vie épanouie."

Après avoir lu le livre de Kato, Ota a commencé à se dire, "Que se passerait-il si je leur faisais essayer la lutte ?" Pour ceux qui sont souvent négligés ou ignorés par la société et souffrent de préjugés non informés, la lutte ne pourrait-elle pas être un moyen de les aider à leur donner plus de valeur à leur vie ?

En juillet 2005, il a créé son premier club de lutte spécifiquement à cet effet, prenant sous son aile un groupe inaugural de six enfants.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de préoccupations initiales. les enfants atteints du syndrome de Down ne sont pas du même niveau physique que leurs camarades en bonne santé, et certains avaient une colonne vertébrale qui ne pouvaient supporter les rigueur de la lutte. Pouvaient-ils faire de la lutte ? Mais il n'y avait pas moyen de savoir avant qu'ils n'essaient et Ota voulait leur donner leur chance.

Et quand ils en ont eu l'occasion, ils ont montré qu'ils pouvaient se déplacer comme les autres. Pas vraiment au début mais à mesure qu'ils se sont habitués, ils ont gagné en force et confiance. Ils ont commencé à comprendre les règles et ont appris les techniques tandis qu'Ota mettait la priorité sur la sécurité et arrêtait toute action potentiellement dangereuse.

Ota
Comme pour n'importe quel entraînement de lutte au Japon, l'entraîneur Takuya Ota s'adresse aux lutteurs avant le début du combat. Le club de lutte Waku-Waku a repris en janvier pour la première fois depuis le début de la pandémie. (Photo: Japanese Wrestling Federation)

Faire participer de grands noms

Aucun observateur n'a peut-être été plus surpris et heureux par la réussite de ce projet que les parents. Ils pouvaient voir leurs enfants qui avaient été pour la plupart écartés des sports, faire de l'exercice, prendre du plaisir et, le plus important, renforcer leur estime de soi.

En 2017, la championne du monde en titre et future médaillée d'or olympique Yui SUSAKI était en première année à Waseda quand elle a offert de son temps au club de lutte Waku-waku.

"J'ai pris connaissance de la lutte Waku-waku par le site internet de la fédération et d'autres sources," a déclaré Susaki. "Je me suis dit qu'après être entrée à l'université, je voulais m'impliquer, alors j'ai participé aux entraînements une fois par mois en tant qu'entraîneur. Tout le monde à Waku-waku a un amour pur pour la lutte et chaque fois cela m'a stimulé aussi," a-t-elle ajouté, une lueur dans les yeux.

Yui SUSAKI (JPN)La future championne olympique Yui SUSAKI et le médaillé d'argent des JO de Pékin Kenichi YUMOTO posent avec deux fiers participants à la Waku-waku Waseda Cup 2017. (Photo: Japan Wrestling Federation)

Kenichi YUMOTO, médaillé d'argent en lutte libre 60kg aux Jeux Olympiques de Beijing 2008 est également monté à bord prêter main forte à Ota -- Ils sont tous les deux natifs de la Préfecture de Wakayama et anciens étudiants de l'université nippone des sciences du sport. Yumoto a fait sentir sa présence lors des entraînements, enseignant patiemment les techniques.

Le club a continué sans relâche jusqu'à ce que la pandémie de coronavirus frappe le monde en 2020, n'épargnant aucun sport. Le contrat d'Ota venait juste de se terminer à Waseda et il partait pour l'université de Chuo aui est située à la banlieu de Hachioji à l'ouest de Tokyo. Le club s'est donc retrouvé sans la salle de lutte de Waseda et, combiné à la pandémie a engendré un arrêt des opérations.

L'assouplissement récent des restrictions liées à la pandémie au Japon a permis au club de redémarré et Ota a eu de la chance de pouvoir utiliser la salle des arts martiaux à proximité du Tokyo Dome dans le quartier de Bunkyo.  Ce fût un moment spécial pour toutes les personnes concernées.

"Les personnes atteintes du syndrome de Down sont fondamentalement opposées aux sports de combat," a-t-il déclaré. "Mais lorsqu'ils continuent à en faire, je constate que leur esprit combatif ressort. j'entends des parents dire 'Il n'est plus timide' ou 'Il est devenu capable de faire des choses tout seul.' J'ai l'impression que les parents sentent aussi qu'en luttant, ils ont un potentiel illimité de développement personnel."

Bien qu'il n'y ait eu que cinq participants le premier jour du redémarrage du club, la salle était remplie d'une énergie positive, depuis les sourires sur leur visage lorsqu'ils pratiquaient des mouvements jusqu'à la façon dont ils levaient fièrement leur main lorsqu'on leur demandait d'être partenaire de jeu.

Parmi ceux qui sont montés sur le tapis se trouvait Aruban Kubota âgé de 24 ans, qui a été des premiers membres du club en 2005 alors qu'il était en première année d'école primaire. Kubota, dont le prénom provient du pays natal de son père, l'Albanie, est actuellement employé dans un centre d'aide sociale.

"Au début, il s'asseyait toujours sur le côté à l'entraînement", se souvient sa mère, Rimiko. "Mais avant que nous le sachions, il a commencé à se joindre au groupe et à décider des choses par lui-même. Il a commencé à agir de son propre chef."

Rimiko dit que l'attente pour que le club redémarre semblait interminable. "Je suis tellement reconnaissante envers le coach Ota", déclare-t-elle.

En juillet 2009 , Ota, désireux de donner aux membres une chance de mettre leurs nouvelles compétences à l'épreuve comme tous les lutteurs, a organisé la "1ère Coupe Waseda". D'autres clubs pour enfants trisomiques avaient vu le jour, principalement sous l'impulsion d'Ota et de ses relations de lutte, et le tournoi a attiré 29 participants de trois clubs..

Le tournoi, qui sera plus tard rebaptisé "Waku-waku Waseda Cup" et sera parrainé par une entreprise employant d'anciens lutteurs de Waseda, attire des participants allant des enfants aux adultes d'une vingtaine d'années. Le niveau continue de s'améliorer et, contrairement aux premières années où il était difficile pour les participants de contrôler leurs émotions, les matchs ne sont plus interrompus et peuvent se dérouler sans heurts.

"Au début, notre objectif principal était simplement de les amener à pouvoir aller sur le tapis par eux-mêmes", a déclaré Ota dans une interview après le tournoi 2016. "Maintenant, ils comprennent les règles et peuvent avoir ce que nous considérons comme un match régulier."

Tous les participants reçoivent une médaille, mais le point culminant de la cérémonie de remise des prix est la sélection du MVP et du Fighting Spirit Award qui sont accompagnés d'un trophée. Alors qu'Ota tient le micro avant de faire l'annonce, les gagnants (qui sont éligibles pour le MVP) le regardent comme s'ils étaient en prière tandis que toute la salle prend une atmosphère de sourires

Ota2Un membre du club fait un exercice de double-leg takedown sous le regard des autres. (Photo: Japanese Wrestling Federation)


Viser les Jeux olympiques spéciaux

Comme en témoigne l'enthousiasme suscité par les Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, le sport n'est pas l'apanage des personnes valides. Les personnes atteintes du syndrome de Down ou d'autres déficiences intellectuelles font également des progrès dans la pratique du sport.

En octobre 2020, une compétition d'athlétisme réservée aux personnes atteintes du syndrome de Down s'est tenue à Miyazaki, dans le sud du Japon, et plus tôt cette année, une division pour les participants atteints du syndrome de Down a été mise en place pour la première fois lors d'une rencontre de natation à Chiba, à l'est de Tokyo.

À l'échelle internationale, Virtus, une organisation créée pour le développement du sport d'élite dans le monde entier pour les athlètes souffrant de déficiences intellectuelles, avait inscrit le judo au programme des 1ers Jeux Océanie/Asie qui se sont tenus en novembre de l'année dernière en Australie. Des athlètes japonais y ont participé, élargissant ainsi le champ des possibilités pour les personnes atteintes du syndrome de Down.

Ota regarde également au-delà des côtes japonaises. Le prochain objectif d'Ota est de faire entrer la lutte dans les Jeux olympiques spéciaux, qui ont une histoire de plus de 50 ans et diffèrent des Jeux paralympiques en ce qu'ils s'adressent spécifiquement aux personnes souffrant de déficiences intellectuelles. Actuellement, il y a plus de 20 sports dans les Jeux olympiques spéciaux, dont le judo.

Ota s'est rendu au siège de Washington, D.C., où on lui a dit que pour que la lutte soit incluse, il était nécessaire que le sport se développe au Japon et que davantage de pays dans le monde lancent des programmes. La lutte étant encore en pleine évolution et peu connue au Japon, il s'agit d'un obstacle de taille à franchir.

Mais il ne se laisse pas décourager. "Même si vous avez un handicap, tant qu'il existe un sport offrant une scène pour briller, on peut avoir une grande présence dans la société", a déclaré Ota.